La mise en selle, c’est chiant !

Aimez-vous la mise en selle ?

Assiette, liant et souplesse sont les principales qualités du cavalier. Elles lui permettent d’évoluer avec son cheval, comme s’ils ne faisaient qu’un. Le cavalier s’adapte parfaitement aux mouvements du dos de son cheval, il les anticipe et les amorti. C’est notre idéal à tous, ce pour quoi on travaille, quelque soit notre discipline ou notre équidé.

Pourtant, on fait tous la même grimace quand notre moniteur nous annonce : “Aujourd’hui, on fait mise en selle !’”. Et pour cause, car mise en selle veut dire, la plupart du temps, séance de torture ! Alors si comme moi, vous souhaitez progresser avec votre cheval, éviter les chocs et les séances tape-cul, tout en s’amusant et en prenant du plaisir, la suite de cet article devrait vous plaire.

La mise en selle avec des yeux d’enfant

Le mythe du centaure

mise en selle dressage

Quand j’avais six ans et que j’ai débuté l’équitation en club, comme tout enfant passionné de chevaux, j’arrivais en avance. Ce qui fait que je pouvais regarder le cours qui précédait le mien. Je regardais ces cavaliers avec des yeux ébahis, car c’était des “grands”, des niveaux galop 4 ou peut-être 5. Ça m’impressionnait tellement, qu’aujourd’hui, trente ans plus tard, j’ai encore dans la tête l’image de ces cavaliers au trot assis sans étriers sur la piste, avec une assiette parfaite. Rien ne semblait bouger. Ils étaient fixés à leur selle, le regard droit, le bassin délié, les mains fixes, le dos droit, les jambes descendantes, les bras souples … Dans ma tête, je me disais, c’est fou, comment ils font !!? Ils mettent de la colle sous leurs fesses !

Du rêve au cauchemar

Déception

Du coup, chaque fois que ma monitrice nous annonçait une séance de mise en selle, j’étais super contente. Car je n’avais qu’une envie, monter comme les “grands”. Mais à chaque fois, c’était la grosse déception. Mon poney partait au trot, et je me mettais à secouer dans tous les sens ! J’attrapais la crinière, serrait mes jambes et contractait tout mon corps pour arriver à tenir. Bien l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire ! Mais comment arriver à se détendre et à relâcher son corps lorsque l’on a l’impression que notre poney trotte comme un trampoline !

Douleurs

Et les douleurs ! Vous avez connu ça, vous aussi, les douleurs ? Ma monitrice disait : “Allez ! On est parti pour dix minutes de trot et si il y en a un qui s’arrête, on recommence !” (Oui alors, pour ceux qui découvriraient le blog pour la première fois, je n’irai pas jusqu’à dire que mes moniteurs étaient sadiques, quoique…En tout cas, c’était la veille école ! Beaucoup d’entre vous ce sont d’ailleurs reconnu dans cet article : Ces coups de talons qui ne servent à rien où je présentais mon poney-club et ses méthodes “pédagogiques” à l’ancienne !). Bref, on avalait des tours et des tours de trot. J’avais cours le samedi après-midi …et le vendredi d’après, j’avais encore mal. Je peux vous dire que dès mes six ans je savais ce que les mots abducteurs, abdominaux et ischions voulaient dire !

Ennui

Mais aussi l’ennui ! Car les séances de mise en selle c’était carrément chiants ! On étaient à la queue leu-leu sur la piste à faire des tours de trot ! Voilà la séance est finie ! On s’est éclaté, non ?

Vous vous en doutez, je n’ai pas voulu infliger cela à mes élèves lorsque j’ai ouvert mon centre équestre. Non, non je vous assure que je n’ai pas une partie de moi vengeresse et sadique ! J’ai donc chercher plusieurs méthodes pour arriver à donner à mes petits cavaliers une bonne assiette, en associant le plaisir et enlevant autant que possible les douleurs !

Voici donc 5 astuces que j’utilise pour “déguiser” mes séances de mise en selle :

1/ Les promenades à cru.

mise en selle indienne

Elles sont récréatives. Elles permettent au cavalier de profiter du grand air en travaillant sa position. Pour cela, on a juste besoin d’un poney, d’un filet…et pour rendre tout cela encore plus fun, quelques plumes à mettre dans les cheveux ou dans les crins des poneys, un arc fabriqué sur place en bois, quelques traits de peinture sur le visage et un joli prénom d’indien pour chacun …et c’est parti !

2/ Les jeux !

Que ce soit des jeux d’équipes, des poney-games, de l’équifun …en jouant, on n’hésite pas à foncer ! En moins de deux secondes, tout le monde est au trot ou au galop sans les étiers ou à cru pour récupérer le relais, l’anneau d’or ou à éviter l’anneau “poison” (ça marche aussi pour les adultes)!

3/ La voltige !

C’est un super moyen d’appréhender la mise en selle car les poignées du surfaix sont rassurantes et permettent de se décontracter. Le poney est longé par le moniteur ce qui est un gage de confiance et comme tout bon poney de voltige, il a des allures et un équilibre impeccable !

4/ Le botte à botte.

Quand on travaille en équipe, sur un petit trot assis en botte à botte, on se concentre sur l’allure de notre cheval et sur la synchronisation avec notre partenaire. On oublie notre position, on se détend et notre corps trouve la position idéale tout seul.

5/ La musique.

Et c’est justement de cela que je voudrais vous parler aujourd’hui. De l’intérêt d’utiliser la musique pour rendre vos séances amusantes, aussi bien pour vous (ou vos cavaliers si vous êtes moniteurs) mais aussi pour votre cheval.

Mise en selle, zoom sur la musique, un outil formidable

J’ai découvert l’intérêt de travailler en musique quand j’ai commencé le spectacle équestre. Mais ma pratique a bien évolué. Avant, j’imaginais ce que je voulais faire à cheval devant le public, je travaillais mon cheval et je trouvais ensuite une musique pour “agrémenter” mon show.

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C’est en pratiquant la voltige mais surtout en assistant à une représentation de Xavier Delalande sur l’intérêt de l’équitation en musique que j’ai compris que la musique n’était pas seulement un “habillement” de votre séance, c’était un outil.

mise en selle musique

La cadence

Tout d’abord, j’ai découvert que la musique était un formidable outil pour travailler la cadence du cheval. En fonction de ce que vous diffusez comme musique vous allez agir sur votre cheval pour faire correspondre le rythme de votre cheval avec le rythme de la musique.

Et petit à petit, je me suis aperçu que je n’étais pas la seule à écouter la musique…mon Dadou aussi ! C’est-à-dire que “naturellement”, votre cheval va caler son rythme à celui de la musique.

Et même encore mieux que cela, vous allez découvrir que certaines musiques correspondent mieux à votre cheval que d’autres. Chaque cheval a “son allure”. Je veux dire par là que chaque cheval a un rythme de travail qui lui est propre. Quand je travaille un cheval, monté comme à la longe, j’essaie toujours de trouver son allure idéale. Le trot qu’il est capable de tenir des kilomètres sans se fatiguer. Et comme avec un métronome, vous trouverez petit à petit la bonne cadence et la bonne musique !

La beauté

C’est aussi très inspirant de monter à cheval en musique car on a toute de suite l’impression de faire quelque chose de super beau. La musique donne de la densité à notre travail, de l’épaisseur. Elle nous porte et nous oblige à rechercher plus de perfection dans nos exercices.

La concentration

La musique nous donne aussi un autre point de concentration. Quand on a du mal à faire quelque chose avec un cheval ou que l’on appréhende un exercice, par exemple le galop, de diffuser une musique que l’on aime et sur laquelle on se sent bien vers détourner notre attention de nos peurs ou de nos frustrations. Cela va nous amener à nous détendre et ainsi, on a plus de chance de réussir l’exercice.

Une séance de mise en selle super fun

J’utilise donc la musique quand je programme une séance de mise en selle pour moi ou pour mes cavaliers.

Le principe est assez simple : Après m’être échauffée au pas, au trot et au galop, avec ou sans étriers, je me prépare un petit enchaînement de figures de manège sur le plat. Je mets une petite musique douce et sympa, qui correspond au rythme de trot idéal pour mon cheval. Et je déroule plusieurs fois à suivre ma petite reprise de dressage avec la musique en essayant d’être la plus régulière possible dans mon allure, d’avoir les trajectoires les plus propres et les plus précises possibles. Je fais aussi attention à ma position, comme si j’étais en représentation devant un public. Et j’écoute la musique en essayant de me détendre. Je fais une pause à chaque changement de musique, pour moi et pour mon cheval.

Quel est donc l’intérêt ?

Pour le cavalier

Tout simplement, je me concentre sur mon exercice, sur la beauté de ce que je fais, magnifié par une belle musique…et j’oubli que je souffre ! C’est beaucoup plus facile d’enchaîner dix minutes au trot assis en répétant un exercice avec une belle musique que de tourner sur la piste avec un moniteur qui crie de façon sadique : “allez encore un tour !”

Aujourd’hui, mes élèves adorent faire mise en selle. On est loin de ce que je pratiquais étant petite mais pour autant le niveau des cavaliers est très bon (voir même meilleur) car ils prennent du plaisir à faire l’exercice. Et l’exercice est calibré selon leur possibilités physiques et techniques. La reprise que je propose est toujours très simple pour ne pas que le cavalier se prennent la tête à gérer la direction, l’équilibre…et n’ai besoin d’effort pour la mémoriser. Je mets mon cavalier dans la réussite par une reprise facile car ce qui m’intéresse, c’est bien la mise en selle.

Et c’est pareil pour les chevaux !

Quel cheval ne deviendrait pas abruti à faire des tours et des tours sur la piste pendant qu’un cavalier lui fait mal au dos en essayant de s’accrocher dessus !

Car la notion de fatigue est aussi très importante à prendre en compte. En enchaînant les tours, le cavalier se fatigue et perd la bonne position. La fatigue musculaire le fait sauter dans la selle. La fatigue mentale lui enlève toute envie de se dépasser pour aller plus loin.

Séance de torture au centre équestre

mise en selle poney

Je vais vous raconter une anecdote. Il y a un trois ans, j’avais envie de me remettre à l’équitation avec un regard extérieur. Comme j’avais l’option “tourisme équestre” à mon monitorat, je me suis dit que ce serait un bel objectif que quinze ans plus tard, je passe l’option “équitation classique”. (Ces options n’existent plus aujourd’hui, le BPJEPS a été refondu). Je me suis donc inscrite dans un centre équestre “classique” qui est aussi centre de formation BPJEPS. La dirigeante m’a proposé de venir à la journée de recrutement des élèves BP (ce dont je n’avais pas besoin) mais qui permettrait d’évaluer mon niveau et savoir sur quoi on allait travailler. C’était une bonne idée, je me suis donc inscrite.

On commence par mise en selle ?

Je vous passe tous les détails qui m’ont choqué en arrivant sur les conditions de vie des chevaux, 24h/24h dans un box de 3m et tout le tralala habituel des centres équestre classiques. J’en ferai peut-être un article un jour tellement j’ai été dégoûtée, au point d’ailleurs d’arrêter cette formation.

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Bref, on prépare les chevaux et on rencontre des élèves récemment diplômés du BP, qui nous regardent avec un air plein de sadisme, d’ironie et de vengeance, qui nous disent: “préparez-vous à morfler, vous commencez la journée par mise en selle.” Bon ok, ça à l’air sympa…

Un grand trotteur

En plus de ça, je n’étais pas sur la liste (car déjà diplômée d’un BP) et donc la monitrice me refile un grand trotteur en me disant que c’est tout ce qui reste.(Avait-elle du sadisme dans les yeux, après coup, je me dit que peut être que oui). Nous voilà donc parti dans le manège à une vingtaine de chevaux, tout le monde à la queue-leu leu, euh pardon, en reprise, et sans étriers.

La consigne donné aux postulants au BP était simple : Ceux qui tiennent seront retenus pour entrer en formation, ce qui craquent, bye, bye ! C’était donc confirmé, on allait morfler ! Et là, je ne vous ment pas, nous avons fait une heure de trot assis non-stop, avec un monitrice qui était là à épier les moindres signes de faiblesse. On a fini l’heure sur des allongements au trot et des épaules en dedans.

Mon ressenti

Et bien je vais vous dire, avec mon grand trotteur aux allures sautantes, j’ai failli mourir ! A un moment, mon corps était tellement fatigué que je me suis dit, si je me désaxe, je tombe. Je n’aurai jamais eu la force de me remettre dans l’axe. En plus de cela, la monitrice nous obligeait à garder les jambes bien fixes et les talons descendus pendant une heure (sans étriers) !!

Horse-machine

Outre le fait que cela s’appelle de l’humiliation et du sadisme, ce qui m’a le plus choqué, c’est que sur la vingtaine de chevaux, aucun n’a eu des traces de sueurs ! Aucun n’a montré de signes de fatigue ! C’est un exercice qu’ils étaient habitué à faire. Trotter une heure sur la piste non–stop !

Cela veut dire que les cavaliers de ce club vivent des séances comme celle-ci régulièrement. Peut-être vivez-vous ou avez-vous vous aussi vécu des séances aussi atroces que celle là !

Mais qu’est ce que ça donne ?

Des chevaux blasés et qui ressemblent à des machines.

Et des cavaliers en souffrance. Par ce que, soyons honnête ! Quand je suis rentrée chez moi, j’ai pris un bain chaud, un aspirine et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ! Et pourtant, j’ai un passé de cavalière, je suis monitrice, je suis une adulte bien entourée. Mais la question que je me pose c’est : que doit penser une adolescente de 14 ans, mal dans sa peau et avec les problèmes de son âge quand son moniteur la fait souffrir et l’humilie ainsi ?

Ce que je voudrais vous dire par cet article, c’est que si vous êtes moniteur, vous avez tout un champ des possibles pour faire de vos cavaliers des enfants épanouis et qui ont confiance en vous. Et si vous êtes cavalier et que vous vivez des séances comme celle-ci, changez de club ! C’est important que les choses changent !

Il est donc possible de faire des séances de mise en selle fun, tout en travaillant pour devenir un bon cavalier !

Mise en selle, exemple de séance

Pour vous donner un exemple d’une séance que vous pourriez faire chez vous (dès que vous aurez fini de lire cet article 😉 je vous propose de vous détailler la séance que j’ai proposé samedi dernier à mes élèves de niveau galop 4.

1/ Échauffement individuel des cavaliers au trot avec étriers sur une musique sympa et entraînante. J’avais mis Tutti Frutti de Litlle Richard.

2/ Échauffement du cavalier par des exercices d’assouplissements en selle.

3/ Galop collectif avec étriers aux deux mains.

4/ Sans étriers, au trot sur la piste. Visualisation des points clés pour une bonne position assise sans étriers. (Pour en savoir sur plus, je vous invite à lire cet article 7 conseils pour une bonne position assise)

5/ Galop collectif sans étriers sur la piste.

6/ Dans un dispositif défini, travail de la position sur des transitions pas/trot, trot/pas, galop/trot, trot/galop

7/ Mise en place d’une petite reprise facile :

  • Départ au trot en B piste à main droite
  • Cercle de 20 mètres au trot en A
  • Diagonale K/M
  • Diagonale H/F
  • Galop en F
  • Cercle en A au galop et reprise de la piste au trot

Cette reprise se fait sur des toutes petites allures, les uns derrière les autres avec la consigne d’avoir tous exactement le même rythme de trot, de garder la même distance entre les chevaux et de soigner ses trajectoires. Idem au galop.

8/ Répétition de la reprise plusieurs fois à suivre en musique. J’avais mis Hallelujah de Jeff Buckley. J’utilise aussi souvent Adèle, someone like you ou somewhere over the rainbow de Israel IZ,entre beaucoup d’autres.

Variante

J’ai aussi utilisé la même reprise pour mes cavaliers de niveau prépa galop 6 l’après-midi. Le thème du cours était pony-games à cru. Mais pour l’échauffement, je leur ai proposé cette reprise entièrement au trot, à cru et en botte à botte trois par trois, en musique bien sûr !!

J’espère que cet article vous aidera à animer vos séances de mise en selle. Je serai curieuse de savoir quelle musique convient à vos chevaux ! N’hésitez pas à me mettre votre playlist dans les commentaires !

N’hésitez pas à partager cet article avec vos amis !

Bonne séance !

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Qui suis-je

Bonjour, je suis Aurélie Seguin, Cavalière depuis mes 5 ans et monitrice d’équitation depuis + de 15 ans. Je dédie ce blog à tous les cavaliers désireux d’apprendre à bien s’occuper de leur Dadous.