[Interview] Martin SEGUIN, maréchal-ferrant

Aurélie

Salut les cavaliers, bienvenue pour ma première interview. Je suis Aurélie du blog A dada mon dadou. Pour cette première interview, j’ai invité Martin SEGUIN, maréchal-ferrant. Donc je vais lui poser des petites questions qui je l’espère vous aiderons à entretenir correctement les sabots de votre cheval.

maréchal-ferrant

Martin SEGUIN, maréchal-ferrant

Aurélie

Je vous présente donc Martin SEGUIN, qui n’est autre que mon mari. Donc bonjour Martin !

Martin SEGUIN

Bonjour !

Aurélie

Depuis combien de temps es-tu maréchal-ferrant ?

Martin SEGUIN

Cela fait bientôt 7 ans que je suis maréchal-ferrant. J’ai passé mon diplôme à Saint Hilaire du Harcouët(50) pour préparer le CAP de maréchalerie. C’était une formation sur un an en alternance chez un patron et une école.

Aurélie

Avec quel type de clientèle travailles-tu ?

Martin SEGUIN

Je travaille avec des propriétaires de chevaux, des particuliers comme des professionnels. Et j’interviens sur tout type d’équidés, aussi bien des chevaux de trait, des chevaux de selle, des poneys, des ânes et aussi bien des chevaux de courses.

Aurélie

Alors il faut préciser pour ceux qui nous regardent ou qui nous écoutent que nous sommes basés en Normandie, donc il y a beaucoup d’élevages de chevaux, aussi bien du pur-sang que du trotteur que du cheval de selle, donc il y a un large panel d’équidés et d’ânes.

Aurélie

Est ce que tu peux nous expliquer en quoi consiste ton métier au quotidien ?

Martin SEGUIN

Mon métier de maréchal-ferrant consiste à soigner les sabots des chevaux, tout simplement. Soit je fais des ferrures ou je renouvelle des ferrures ou simplement du parage par exemple pour les élevages où il n’y a pas besoin de ferrer. Egalement j’interviens sur tout ce qui est boiteries type abcès. Le maréchal-ferrant s’occupe essentiellement et uniquement du sabot.

Aurélie

Le but de s’interview c’était de donner des conseils aux cavaliers qui sont propriétaires de chevaux ou qui souhaiteraient devenir propriétaires, alors la première question que je voudrais te poser c’est :Est ce qu’il est toujours nécessaire de ferrer son cheval ?

Martin SEGUIN

Alors non, il n’est pas toujours nécessaire de ferrer son cheval, il y a 3 choses qui importent pour ferrer ou on son cheval:

1/c’est d’abord quel travail on va demander au cheval. Le cheval ne va pas user ses sabots de la même manière s’il travaille une fois par mois ou s’il travaille deux à trois fois par semaine. Ca c’est une chose essentielle.

2/ Sur quelle nature de sol il va évoluer ce cheval, s’il fait que du sable de carrière, ce n’est pas pareil que s’il va en extérieur sur du goudron ou des chemins caillouteux.

3/ Et puis également la nature du sabot. Les chevaux sont des êtres vivants, ils sont tous uniques, il y en a qui ont plus ou moins des sabots durs, plus ou moins des sabots tendres. Tout cela fait que, est ce que l’on ferre le cheval ou pas, ça dépend vraiment, c’est du cas par cas. Il faut voir cela avec son maréchal-ferrant.

Aurélie

Donc vous savez certainement que pour mon blog je me suis lancée un petit défi, c’est de travailler une jument trotteuse pendant 52 semaines. D’ailleurs si cela n’est pas encore le cas, que vous ne suivez pas encore cette chronique, vous pouvez la suivre, je vous mettrai le lien en-dessous de la vidéo ou sur la vidéo.

Donc c’est une jument qui est standard, qui n’est pas forcément très grande, c’est une trotteuse et donc moi j’ai un travail de trois fois la semaine. Généralement je la longe une fois, je la monte une fois en carrière et je la sors une fois en extérieur, ou des fois une quatrième fois dans la semaine, donc elle, elle a des bons pieds naturellement, c’est une trotteuse, est ce qu’elle doit être ferrée oui ou non ?

Martin SEGUIN

Oui car quand on est sur un travail fréquent et sur différents types de sol, oui là clairement, il faut la ferrer. A partir du moment où elle va en extérieur, je dirais, c’est là où ça use le plus. Donc il faut mettre des fers tout simplement.

Aurélie

Le fer, il viens pour protéger la corne du cheval qui travaille.

Martin SEGUIN

Oui, tout simplement. Protéger la corne du cheval qui travaille. La phrase est juste, à partir du moment où le cheval travaille, il faut vraiment suivre cette corne. S’il ne travaille pas, il n’y a pas besoin de l’embêter à mettre une paire de fers.

Aurélie

Du coup, ce que je voudrais savoir c’est à quelle fréquence ferrer son cheval et avec quel type de ferrure ?

Martin SEGUIN

Là encore, cela dépend de la fréquence de travail du cheval. Un cheval qui travaille régulièrement va être référé entre 6 et 8 semaines, en fonction de la qualité de sa corne. Et si le cheval ne travaille pas régulièrement, là les ferrures peuvent tenir un peu plus longtemps. Disons qu’elles ne vont pas forcément bouger, jusqu’à 10 à 12 semaines. C’est possible que cela tienne. Le problème, c’est qu’avec des fréquences aussi longues, 12 semaines, le pied à énormément grandi, on peut avoir des risques de boiteries liés à des pieds longs. Et puis le fer peut déferrer d’un coup. A 12 semaines, il peut déferrer n’importe quand et cela peut créer des lésions, ça peut arracher une partie du sabot, voire carrément créer une boiterie si le pinçon retourne sur la sole du cheval par exemple, ou des choses comme ça.

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La fréquence de ferrure, on va dire entre 6/8 semaines, 10 semaines maximum. 12 semaines, ça c’est des questions d’économie de maréchalerie.

Aurélie

Et donc toi sur ta propre cavalerie, tu es à quelle fréquence, vu que c’est une cavalerie de poneys et de chevaux de club ?

Martin SEGUIN

Alors pour la cavalerie du centre équestre là, on est autour de 8 semaines. Après, j’ai ma ferrure d’été et ma ferrure d’hiver. L’été, ils font plus de randonnées, donc là nécessairement, on change les fers. On est à chaque fois sur des fers neufs. Par contre, l’hiver, je fais ce que l’on appelle des relevés. Le fer n’est pas suffisamment usé donc je peux l’enlever, retailler le sabot et remettre le même fer. Les ferrure d’hiver sont plutôt des relevés.

Aurélie

Voilà donc c’est ce que j’allais dire, par rapport au coût maréchalerie dont tu parlais, le coût ne va pas forcément être le coût d’une ferrure plein pot toutes le s6 ou 8 semaines, vu que le fer peut être relevé.

Martin SEGUIN

Ca, ça dépend, chaque maréchal a ses tarifs. Mais oui, quand c’est possible demandez à votre maréchal de faire des relevés, ça va être un peu moins cher. On va être aux alentours de 5 à 10 % moins cher pour une ferrure relevée. Mais là encore, cela dépend du maréchal-ferrant.

Aurélie

Cela dépend aussi de comment le cheval use ses fers.

Martin SEGUIN

Oui oui, le maréchal va déterminer si le fer est usé ou pas.

Aurélie

Ou si il est usé de manière bine parallèle ou pas.

Martin SEGUIN

Oui tout à fait, il y a des chevaux qui ont des aplombs tels que quand ils usent leur sabot, lorsqu’ils usent le fer, et bien le fer est devenu trop dissymétrique, on peux plus le remettre. Même s’il y a une bonne épaisseur d’un côté, et bien c’est trop dissymétrique, là on ne respecte plus les aplombs de travail du cheval. Donc hop, on change de fer.

Aurélie

Si mon cheval ne travaille, admettons que deux séances dans la semaine en manège, si j’ai bien compris s’il a des bons aplombs et qu’il a une bonne corne, je ne vais pas forcément avoir la nécessité de le faire ferrer, par contre il va falloir que je le pare. Donc du coup, là à quelle fréquence ?

Martin SEGUIN

S’il n’est pas ferré, le parage, là encore dépend du cheval, de la qualité de sa corne et sur quel sol il évolue. Parce qu’il n’est pas tout le temps sur une zone de travail. Donc quand il ne travaille pas, est-ce qu’il est dans un box, ou est-ce qu’il est au champ ? Donc tout cela influence la pousse de la corne. Le cheval s’il est simplement paré, on va revenir tous les 2 ou 3 mois sous le cheval pour vérifier que les aplombs soient corrects pour le travail. Un cheval qui n’a pas une fréquence de travail importante, qui reste au pré très longtemps, moi j’ai des clients où je vois le cheval une fois l’année et ils ont des bons pieds, voir 2 fois, trois fois. La moyenne pour un équidé c’est trois à quatre fois l’année.

Aurélie

Moi je voudrais savoir pour les propriétaires qui nous écoutent ou qui nous regardent, quel évènement fait que cela me fait tilt et là je dis, non il faut que j’appelle le maréchal-ferrant ?

Martin SEGUIN

Moi en tant que maréchal-ferrant je peux intervenir surtout si vous voyez que votre cheval boite. Les boiteries. Quand on a l’impression que le cheval ne peux pas poser le pieds au sol ou carrément on a la sensation qu’il a le membre fracturé, il ne peut plus poser la patte. Alors bien souvent c’est une boiterie liée à un abcès. Je vous invite à appeler en premier lieu le maréchal-ferrant plutôt que le vétérinaire. Parce que, ça dépend du vétérinaire, mais le maréchal-ferrant a plus l’habitude de manipuler les sabots qu’un véto, parce qu’il en voit beaucoup plus obligatoirement. Sur les boiteries, il ne faut pas hésiter à appeler le maréchal-ferrant.

On appelle également le maréchal-ferrant quand on voit que le fer est prêt à partir, parce qu’il se peut que le cheval se soit marcher dessus ou qu’il y ait eu un coup spécifique sur le sabot ou sur le fer et que la ferrure n’ai pas tenu. Il faut absolument intervenir pour soit enlever le fer et puis appeler le maréchal-ferrant. Soit si on n’est pas équipé ou si on sait pas faire, et bien on fait une prière et on espère que le maréchal-ferrant soit disponible assez rapidement.

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Aurélie

Ca c’est quelque chose qu’il est quand même important de préciser. En fait, cela dépend peut être des régions mais en Normandie, pour avoir un maréchal-ferrant, il vaut mieux avoir pris rendes-vous la fois d’avant. C’est à dire que quand le maréchal vient prenez tout de suite votre rendez-vous parce que sinon, vous n’êtes pas prêts de le revoir parce qu’ils sont plutôt débordés. Si vous savez que votre cheval tient ses ferrures toutes les 8 semaines, pensez à prendre rendez-vous pour avoir votre suivi régulier.

Martin SEGUIN

Le maréchal-ferrant doit être une personne de confiance. Il faut que vous ayez confiance dans votre maréchal-ferrant car il a une vision à long terme, à moyen et à long terme du sabot. C’est pour cela qu’il est important de prévoir à l’avance en fonction des besoins, que vous déterminez ensemble avec votre maréchal-ferrant. C’est vraiment un interlocuteur important, il ne faut pas le négliger. Il ne faut pas non plus négliger les conseils car il a une vision à moyen et à long terme du sabot. Quand on interviens sur un sabot cassé par exemple, un sabot cassé, lié à une seime ou à un coup ou lié à une pathologie X, il faut savoir que le pied va se reconstituer en un an. Donc il faut avoir une évolution sur cette année-là.

Aurélie

Parce qu’au niveau de la pousse de la corne, on est à une moyenne d’un centimètre par mois, si je ne dis pas de bêtises, avec un pousse plus importante au printemps, en tout cas à la mise à l’herbe ?

Martin SEGUIN

Oui voilà, mais cela évolue énormément en fonction de la nature du cheval, de la nature des sols. On peut comme sur les stries d’un arbre, on peut regarder les stries sur les sabots du cheval et déterminer ce qui s’est passé en un an. Ce sont des fréquence théoriques mais le sabot se reconstitue entièrement en un an. Si le sabot fait 10 /11 centimètre et bien il y a un mois, enfin, un centimètre par mois.

Aurélie

Dernière question, quid des onguents ?

Martin SEGUIN

Alors les onguents … En Normandie, il y a un petit diction qui dit que le meilleur onguent, c’est la rosée du matin. Parce que tout simplement quand les chevaux sont dehors, à l’herbe, ils n’ont pas besoin d’onguents. Les onguents ne servent pas à grand chose pour des chevaux qui sont extérieur.

Moi je conseille de l’onguent sur certains types de sabots, sur certaines périodes de l’année. Les périodes les plus sèches pour continuer à hydrater le sabot, cela peut être des périodes sèches d’hiver sur des sols gelés, ou des périodes d’été où on a des sols relativement secs. Mais en Normandie, ce n’est pas souvent le cas. Si on a une période de 10 jours en hiver et 15 jours en été, c’est beaucoup. C’est vraiment peu fréquent. Il y a toujours une humidité ambiante qui fait que le sabot est toujours hydraté. C’est là le principal intérêt de mettre de l’onguent.

Mais si votre cheval est en box, où là vous avez le moyen de gérer le taux d’humidité, là l’onguent peut être un complément important pour gérer la qualité de la corne.

Aurélie

C’est-à-dire qu’en box ils vont avoir tendance à être trop humides ?

Martin SEGUIN

La litière ne doit pas être trop humide, elle doit être faite régulièrement. Les soucis que l’on va rencontrer sur une litière qui n’est pas faite fréquemment c’est …Une litière, c’est chaud et humide, donc c’est vraiment propice pour la pousse de la corne. Cette pousse de corne, si elle n’est pas maintenue par un parage régulier ou par un travail qui va user cette corne, cela va être néfaste pour les aplombs du cheval.

Aurélie

Et du coup, le pourrissement de la fourchette, il est lié à ce taux d’humidité ?

Martin SEGUIN

Ah, oui directement. Si vous avez des fourchettes pourries, regardez d’abord à curer votre box avant de mettre des onguents.

Aurélie

Bon ben écoute Martin, je te remercie pour toutes ses infos. J’espère que cela vous sera utile avec votre cheval et je vous dis à bientôt pour la prochaine vidéo ! A dada mon dadou !!

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2 Commentaires

  1. Chantal

    Bravo pour cette interview. Bien expliqué, mais le son est un peu faible.

    Réponse
    • Aurélie A dada mon Dadou

      Merci Chantal ! Oui c’est vrai le son est carrément pourri ! Mais j’ai investi dans des micros pour la prochaine interview 🙂

      Réponse

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Qui suis-je

Bonjour, je suis Aurélie Seguin, Cavalière depuis mes 5 ans et monitrice d’équitation depuis + de 15 ans. Je dédie ce blog à tous les cavaliers désireux d’apprendre à bien s’occuper de leur Dadous.