Cet article a été écrit dans le cadre de la 41 ième Cavalcade des blogs ! Pour en savoir plus sur cet évènement, cliquez-ici. Ce mois-ci, c’est Isabelle du blog Hors Hints qui en est la rédactrice. Le thème proposé est In equus veritas. Pour rappel, le mois de dernier, c’était Nathalie du blog Les supers cavaliers qui en était l’organisatrice … et le mois prochain, c’est moi qui m’y colle !! (et je vous attends nombreux !!)
De l’idée à l’action
L’idée de mon blog, A dada mon dadou, est née complètement par hasard. J’étais dans mon centre équestre, en train de discuter avec des cavaliers, dont certains sont propriétaires de chevaux et ils étaient en demande d’exercices à réaliser avec leur cheval.
Leur discours ne m’était pas inconnu, les cavaliers propriétaires de chevaux sont souvent dans la même problématique. Ils pratiquent l’équitation dans un club. C’est génial, c’est super, c’est leur passion. Un jour, ils décident de sauter le pas et s’achètent un cheval. Au début, tout est rose, c’est leur meilleur ami. C’est sûr avec leur cheval, ils vont vraiment progresser !
Et puis, petit à petit, la motivation se perd un petit peu. Ils ont l’impression de “tourner en rond” dans le manège, sans mauvais jeu de mots … Travailler mon cheval, c’est bien. Oui mais quoi travailler ?
Généralement, quand mes cavaliers sont dans ce cas, je leur donne des petits tuyaux, entre deux dans le couloir de l’écurie. Certains font même quelques cours particuliers. Mais avoir un cheval, ça coûte cher à entretenir, surtout si le cheval est en pension…alors les cours particuliers, ça va un temps. La plupart ne peuvent pas se le permettre longtemps. Et moi, mon planning n’est pas extensible !
J’ai donc eu l’idée de créer un blog. Avant tout pour aider les cavaliers de mon entourage. Et puis, petit à petit, le blog a gagné en audience, c’est d’ailleurs grâce à cela que vous êtes en train de lire mon article !
La douche froide
Sur mon blog, j’avais envie d’écrire des articles pour conseiller mes cavaliers, exactement comme je le fais quotidiennement, dans la vraie vie, avec les vrais chevaux.
Et là, la douche froide est arrivée !
Mais pour vous expliquer pourquoi, il faut que vous compreniez que moi la planète internet, je ne connaissais pas trop. Niveau haute technologie, je suis (enfin j’étais) plutôt “ has been”. Cela fait plus 10 ans que je n’ai plus de télévision. Je venais juste d’ouvrir un compte Facebook pour mon club ( oui en 2016, je vous assure ). J’avais d’ailleurs bien galéré ! Heureusement que j’avais des petites stagiaires sur le centre qui ont pu m’expliquer comment Facebook marchait … et à quoi ça servait ! C’est pour vous dire mon niveau. En gros, j’étais plus proche de la femme des cavernes que de la Silicone valley !
Et j’ai donc pris ma première grosse douche froide le jour où j’ai publié une vidéo montrant les progrès de ma jument Emeraude.(Défi semaine 4 : Emeraude passe son galop 1!) Je travaille cette jument dans le cadre d’un défi que je me suis lancée, amener la jument du débourrage au niveau galop 7 en 52 semaines ! Pour moi, le but de ce défi était de prendre un cheval lambda, comme tout le monde pourrait en avoir un à la maison et de publier les exercices et un petit compte rendu hebdomadaire de mon travail.
Bien sûr, l’objectif du galop 7 était un peu excessif. Il y avait 2 buts à cela :
1/ Si je me lançais un gros défi, avec du challenge, j’étais VRAIMENT obligée de me motiver à travailler la jument régulièrement car je m’étais engagée publiquement…car ne rêvez pas, je suis comme vous, quand il fait un temps pourri dehors, je ne suis pas toujours hyper méga motivée à monter à cheval.
2/Le deuxième but était d’interpeller les gens, en leur disant, : “ Courage ! Avec de la motivation et de la persévérance, vous pourrez arriver à un résultat avec votre cheval”
Et là, croyez-moi, quand j’ai publié cet article anodin, j’ai eu une déferlante d’insultes, de critiques et de méchancetés sur Facebook ! Les gens m’exhortait de changer de métier, que c’était intolérable d’avoir des personnes si incompétentes…en gros que je pouvait me retirer du monde et aller vivre dans une caverne, nue, et comme seule compagnie mes yeux pour pleurer !
Et ça n’arrêtait pas, insultes, insultes et insultes… J’ai eu très mal au ventre, j’ai perdu le sommeil, j’ai perdu confiance en moi … et au bout d’à peine deux jours de lynchage, j’ai craqué et j’ai retiré le post de Facebook.
Alors je vous rassure, depuis, j’ai réussi à me relever et j’ai même écrit un article réponse avec une spéciale dédicace aux haters de Facebook ( pour voir ma réponse, cliquez-ici : Emeraude reste au pré )…Mais autant vous dire vérité, je n’ai pas eu le cran de publier cette réponse sur les réseaux sociaux…je m’en suis tenu à ma petite audience habituelle !
Qu’est ce qui a déplu dans mon article ?
Je crois que ce qui a déplu, déjà c’est que je me lance un défi. Dans ce monde d’équitation, de rigueur, de discipline et de sélection, il n’est pas bon d’utiliser des techniques innovatrices et qui plus est, de motivation. Une personne m’a gentiment écrit que si j’avais besoin de motiver, c’est que je n’étais pas faites pour le monde du cheval ! Ah ben mince alors, dommage pour moi, car j’ai crée mon centre équestre depuis 11 ans, il allait donc falloir que je me reconvertisse …
La deuxième chose qui n’a pas plu, c’est que j’ai montré un jeune cheval en progression dans son travail. Les images sur Facebook sont bien lissées et il est courant de montrer un cheval bien accompli dans son travail, mais pas de jeunes ( ni de vieux d’ailleurs !). Alors qu’à mon avis, c’est ça qui est intéressant ! Alors bien sûr, demain, je peux prendre mon smartphone et filmer une magnifique épaule en dedans de mon cheval de dressage, ou un magnifique appuyer…mais quel est l’intérêt pour 80 % des propriétaires qui ont un cheval à la maison pour faire des promenades et des petites séances et qui ont des problèmes à résoudre ! Je pense qu’il est préférable de montrer la réalité du quotidien pour aider les cavaliers à se faire plaisir plutôt que l’excellence, qui est certes magnifique, mais qui peux aussi décourager la plupart d’entre eux !
Ce qui a changé pour moi
J’ai compris alors qu’il était difficile de dire la vérité sur internet. Brig brother me regarde…et malheureusement je m’auto-censure.
Quoi comment ça ?
Eh bien je dois vous avouer que je réfléchi à deux fois maintenant avant de publier une photo sur la toile.
Dans la vraie vie, mes chevaux sont ferrés, car je pense qu’ils en ont besoin au vu de la quantité et de la variété de travail qu’ils fournissent.
Dans la vraie vie, mes chevaux sont montés en mors. Eh oui, je m’occupe d’un centre équestre, et nous avons envers nos clients une obligation de moyens … et le mors en fait partie, en gage de sécurité. Est-ce que cela veux dire que je suis, moi-même, en tant que cavalière, opposée à toute forme d’évolution ? Est ce que je rêve de pouvoir monter mon cheval en cordelette ? …Eh bien oui! L’un n’empêche pas l’autre !
Dans la vraie vie, il m’arrive souvent d’utiliser des enrênements : rênes viennoises ou élastiques pour mes chevaux de voltige. (Là, c’est une vraie nécessité et c’est dans le règlement des compétitions!) Gogue ou gogue combiné avec des élastiques pour ma jeune jument Emeraude en travail à la longe. Martingale à anneaux pour une de mes jument d’obstacle …
Dans la vraie vie, je monte en classique, je fais du dressage en compétition. Mais je pratique aussi l’équitation de pleine nature, le Trec et l’endurance.
Mais je suis timide et très sensible. Alors pour le moment, je fais attention aux images que je véhicule. Je n’ai pas encore réussi à publier une photo de ma jument avec son gogue au travail car je dois le dire, j’ai peur du lynchage médiatique.
Le positif
Il y a heureusement du positif dans tout cela. En écrivant cet article sur la vérité, je me rends compte que je suis parfaitement alignée avec la pratique que je fais au quotidien de mon équitation.
Celle-ci est en constante évolution et je vais piocher depuis toujours un peu à toutes les portes. Il y a du bon dans l’équitation classique. Du bon dans l’équitation de pleine nature. Du bon aussi dans l’équitation éthologique.
Quand je travaille un cheval, j’essai au maximum d’être à son écoute et j’utilise tous les moyens qui sont à ma disposition pour lui apporter un confort dans le travail. Un enrênement peut-être un bon outil.
Dans ces conditions, pourquoi m’auto-censurer ?
Parce que je ne suis pas prête à affronter les insultes.
I have a dream …
Pourtant, j’aimerai qu’Internet soit un lieu de partage et d’entraide. J’aimerai que chacun puisse s’exprimer librement mais avec bienveillance pour les autres. J’aimerai que toutes les tendances de l’équitation puissent être représentées car c’est ce qui nous notre force. D’aller prendre des bonnes choses à toutes les portes.
Equus veritas. La vérité est dans le cheval. Et la vérité appartient à chaque cheval. Chacun à la sienne. Et il nous importe à nous, en tant que cavalier de trouver la méthode qui va convenir à chaque cheval. Celui-ci a des difficultés à accepter le mors, malgré le fait que le dentiste ne trouve rien d’anormal, montons-le en licol éthologique ou en side-pull. Celui a tendance à se renverser, à creuser son dos, utilisons un gogue pour l’aider à avoir la position juste qui lui permettra de se muscler….
Vous avez compris le message que je souhaite faire passer dans cette article.
Regardons le positif que chacun nous apporte.
Sortons de notre zone de confort pour explorer de nouvelles choses et nous remettre en question.
Et osons nous montrer tel que nous sommes.
Je vais donc essayer sur mon blog, de vous montrer au maximum les choses telles que je les envisage…parce que Big Brother is watching me ….Certes mais mon cheval aussi ! Et lui connaît la vérité !
Très bel article Aurélie, même si certains termes techniques me dépassent un peu. On ne peut pas plaire à tout le monde et si tu es sûre de toi, il n’y a pas de raison de ne pas t’exprimer librement. Ceux qui condamnent sans vouloir entendre une explication ne sont pas forcement des gens fréquentables. Continue ce blog et je te souhaite tous les succès.
beaucoup aimé vos propos et surtout…continuez bravo à vous et merci
Ho la la Aurélie… j’ai lu ton article dès sa parution et;.. même pas laissé de commentaire!!!!?! Honte à moi! Bref…
Je publie aujourd’hui l’article récap de la Cavalcade (ai eu un peu de mal dans mon emploi du temps) et du coup… je viens relire. J’ai beuacoup aimé ce regard sur l’utilisation du net par/dans le monde du cheval. « Méfiez-vous des apparences » et « Apprenez à regarder ! ». Je trouve très dommage et dommageable que tu aies subi une telle pression en montrant simplement à quoi ressemble le quotidien d’un jeune cheval qui, évidemment, ne sait pas trop bien où mettre ses pieds, ne comprend pas encore tout;.. et doit aussi apprendre les règles de base. Pourtant, je pense que c’est très utile pour bon nombre de cavaliers non-pro, de voir que certaines étapes ne passent pas toutes seules par magie et que si la première longe ou le premier pas de côté est loin de la perfection c’est juste … heureux et normal. Surtout, continue ce blog ! Et encore merci pour ce partage !
Merci beaucoup ton message me fait chaud au cœur ! J’ai heureusement eu aussi beaucoup de message de soutien pendant la « polémique », et ils étaient encore plus fort car c’est difficile de s’exprimer contre la majorité ! Je les en remercie encore et merci à toi <3.
Très bel article, qui montre bien les mauvais côtés des réseaux sociaux. Et pourtant, je crois aussi qu’il est important de continuer à montrer la diversité des pratiques, les difficultés, les jeunes et les vieux (M’en fiche, je l’aime trop ma Mamie pour arrêter de parler d’elle). Parce que l’essentiel, c’est le respect et l’écoute du cheval, et qu’il est souvent bien simple de se cacher derrière un écran. Je me retrouve d’ailleurs tellement dans tes propos que mon article pour la Cavalcade les rejoint (mais promis j’ai pas copié, je ne t’ai lue qu’après).