Jean-François Pignon, secret d’une belle relation avec son cheval

Jean-François Pignon, son SECRET avec les chevaux – transcription de la vidéo YouTube

La chose qui saute le plus aux yeux quand on assiste à un spectacle de Jean-François Pignon, c’est le plaisir sur son visage et le plaisir des chevaux pendant la représentation. Aucun mouvement n’est contraint, JF suggère et les chevaux donnent, avec beaucoup de générosité. Et son secret, Jean-François le partage dès le début de chaque stage, c’est qu’il faut créer de la relation avec son cheval AVANT de vouloir le dresser.

Sauf que dans les faits, c’est souvent l’inverse qui se crée. D’abord, je débourre mon cheval, je lui enseigne les aides du cavalier et une fois qu’il y répond, avec de la patience et du temps, j’espère qu’enfin il m’aime.

Alors comment faire pour créer de la relation, pour que votre cheval vous aime et vous suive en étant vraiment libre, 
La réponse, en étant pour lui un vrai dominant.

Jean-François Pignon en spectacle avec un cheval cabré sur ses épaules
Jean-François Pignon- source https://www.jfpignon.com/

Jean-François Pignon « Je suis fort »

assumer son rôle de dominant pour le cheval

Si il y a bien une notion avec laquelle nombres de cavaliers sont mal à l’aise, et j’en fais partie,( voir article Relation cavalier/cheval, une question d’autorité ?) c’est cette notion de dominance. Alors quand Jean-François Pignon commence son stage en nous disant que le cheval doit nous respecter parce que nous sommes dominant sur lui, ça fait un peu bizarre.

Nous sommes nombreux à avoir suivi un enseignement classique où on a appris qu’il y avait toujours un dominant et un dominé. Et qu’à chaque instant, il fallait être sur ses gardes pour ne pas que le cheval prenne le dessus.  Qu’il ne fallait jamais céder pour ne pas qu’il gagne. On devait le soumettre à notre volonté : “montre lui qui est le patron”, montre lui qui décide”.

Mais ce que Jean-François Pignon dit à ses chevaux, ce n’est pas : tu dois te soumettre et faire ce que je te dis, mais plutôt, je suis fort et je te protège.

Le Bonjour

La première chose qu’enseigne Jean-François c’est ce qu’il appelle “le bonjour”. Quand deux chevaux se rencontrent, la première chose qu’ils font, c’est de venir se sentir le nez et déterminer la place de chacun dans la hiérarchie.

Et ce qui est intéressant, c’est que dès que les deux chevaux se sont mis d’accord sur le statut hiérarchique, Le calme et le silence reviennent dans le troupeau. Le dominant chez un cheval est toujours juste.

Jean-François Pignon en stage avec un cavalier et son cheval pour enseigner le "bonjour"
Charlotte SEGUIN, et son poney Farceur, avec J-F Pignon – source Ferme Equestre du Gué

Et c’est ce que fait Jean-François Pignon avec le bonjour. Mais juste un pas.

“Juste un pas “ c’est très important, mais pas facile. Car, nous les cavaliers nous sommes souvent trop gourmands et nous exigeons de notre cheval plusieurs pas. Or, un cheval dominant dans le troupeau est toujours juste. Dès que l’autre cheval esquisse un mouvement pour lui dire “ok, tu es le dominant”, tout s’arrête. Il lui dit “je suis fort”, le cheval accepte sa place en se décalant.

Le crescendo

Pour le “bonjour”, Jean-François vient au contact du nez faire une respiration, puis il se tourne vers le grasset. Le cheval se déplace alors. Et s’ il ne le fait pas, Jean-François Pignon utilise le “crescendo”, une tape de plus en plus forte au niveau du grasset, jusqu’à ce que le cheval bouge.

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Au début le crescendo peut paraître un peu choquant ou en tout cas, nous mettre mal à l’aise parce que ce ne sont pas dans nos valeurs de frapper notre cheval. Et pourtant, il y a une énorme différence entre utiliser un geste qui fait partie du langage du cheval et frapper son cheval avec colère.

Pour que notre cheval nous fasse confiance, il est nécessaire que nous soyons nous aussi un dominant juste, et un dominant débordant d’amour.

L’amour un pilier de la méthode de Jean-François Pignon

L’amour est vraiment un pilier important de la méthode de Jean-François Pignon. Que je réussisse ou pas, j’aime mon cheval. Je n’agis pas avec colère ou avec frustration en prenant les échecs contre moi, mais plutôt en me souvenant d’aimer les problèmes parce qu’ils m’offrent des possibilités d’apprendre à d’être meilleur.

Et ça c’est vraiment un truc que j’ai gardé de ces stages, c’est “oh, ça marche pas … C’est génial ! J’ai quand même le cheval le plus beau du monde devant moi. Et qu’est ce que je l’aime” Et quand on se dit ça, toute la colère et la frustration que l’on peut éprouver parfois en travaillant un cheval, et ça souvent parce qu’on prend les choses contre nous, et bien toute cette colère s’envole et laisse place au sourire et à la décontraction.

Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que ça commence à marcher !

Parler à un cheval, c’est surtout se taire

Jean-François Pignon avec cheval / extrait du film "40 jours, 4 criollos et du silence"
Jean-François Pignon – source film « 40 jours, 4 criollos et du silence »

Quand j’ai su que Jean-François Pignon allait venir à la maison proposer un stage, la première chose que j’ai pensé, c’est que j’allais avoir du mal avec cette notion de silence. Parce que, depuis toujours et tout le temps, je parle aux chevaux. Et je passe mon temps à dire à mes élèves d’utiliser la voix. Alors je me suis dit que sur ce point là, on allait vraiment diverger.

Et j’ai eu tort. 

Le silence a même été l’élément que j’ai le plus adoré pendant les deux jours de stage.  Le silence permet de se concentrer, il est reposant. Et surtout le silence permet de garder notre cheval connecté.

Parce que dès que je parle à mon cheval, je lui dit “ j’ai un problème avec toi”. Pendant le stage, ça a vraiment été fascinant de voir, pendant des heures, douze chevaux qui ne se connaissaient pas, dans le même manège, complètement connectés et relâchés dans le silence et absorbés par la gestuelle de leur cavalier.

Récompenser par l’indifférence

Donc effectivement, on peut parler à son cheval, on peut lui apprendre des codes pour certains exercices, mais en faisant cela, on invite notre cheval dans notre monde d’humain, plutôt que d’entrer dans le monde du cheval. On va chercher à capter son attention et à favoriser des “bons comportements” en utilisant un système basique de confort / inconfort, par du renforcement positif en récompensant notre cheval. Typiquement, par une carotte.

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« Quand un humain, qui est censé être dominant, donne une carotte, dans la tête du cheval, cela n’a aucun sens »

Et donc quand on parle cheval, quand on adopte cette posture du dominant sympathique, du dominant protecteur, on va pouvoir offrir à notre cheval une vraie liberté. Et c’est pour ça, qu’on on va lui offrir la plus belle récompense qui soit : l’indifférence.

Créer de la relation avec son cheval avant de le dresser

Quand on est en échec avec notre cheval, en général, on se dit qu’il va falloir le retravailler encore et encore.  Mais la vraie question est plutôt pourquoi notre cheval ne répond pas à nos demandes et surtout quelle relation avez-vous créé avec lui ?

J’ai mis du temps à digérer toutes les informations que j’ai apprises pendant les deux jours de stage avec Jean-François Pignon. Parce que cela remettait en cause la façon dont je me comportais avec mes chevaux jusqu’alors. L’exemple le plus flagrant est celui de ma jument de voltige, Babydoll. Une jument qui travaille parfaitement à la maison, qui connaît les exercices et répond à mes demandes. En d’autres termes, une jument bien dressée. 

Mais, chaque fois qu’on part en concours, c’est le stress total. Et tous les codes que j’ai appris à ma jument s’effacent. Ma jument est en panique et ma présence à ses côtés ne la rassure pas. Elle hennit, elle me zappe, voir elle me bouscule …

Autrement dit, je ne suis pas ce dominant sympathique et protecteur. 

Mon objectif avec ma jument Babydoll

Alors, je me suis lancée un défi, créer de la relation avec Babydoll et assumer ma place de dominant pour la protéger du stress lors du prochain concours. Et ce prochain concours a lieu dans 15 jours. C’est le tout premier de la saison et donc je sais que ce n’est pas en 15 jours que tout va changer. 

Et pourtant, tous les jours, je l’emmène dans le manège et fais avec elle le bonjour que Jean-François nous a enseigné. 

Ces séances sont ex-tra-or-di-naires,

Je ressort le sourire aux lèvres, remplie d’amour et apaisée par le silence.. Et donc même si nos résultats ne sont pas parfaits, on aura quand même renforcé notre relation. Affaire à suivre donc, je vous tiendrai au courant ! 

En tout cas, une chose est sûre, c’est que même si ça ne marche pas, c’est génial ! Car j’ai quand même devant moi la plus belle jument de voltige du monde, et qu’est ce que je l’aime !

Un grand merci à Jean-François Pignon, pour sa générosité, sa patience et son partage !

Alors dites moi dans les commentaires si vous aussi, vous avez envie de suivre un stage avec Jean François Pignon.

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Qui suis-je

Bonjour, je suis Aurélie Seguin, Cavalière depuis mes 5 ans et monitrice d’équitation depuis + de 15 ans. Je dédie ce blog à tous les cavaliers désireux d’apprendre à bien s’occuper de leur Dadous.