Faire de longues promenades avec son cheval est le rêve de tous les cavaliers. En revanche, si vous avez affaire à un cheval peureux, le rêve peut vite se transformer en cauchemar ! Le cheval revient stressé, et le cavalier livide. Au-delà du plaisir manqué, il en va aussi de votre sécurité, de celle de votre cheval, mais également celle des autres. Pour éviter toute déconvenue, je vous présente les 4 étapes que je mets en place pour désensibiliser un cheval qui a peur.
Étape 1 : créer une relation de confiance avec un cheval peureux
C’est une étape à ne surtout pas négliger. Pour éviter que vos sorties avec votre cheval soient désagréables, ou pire, qu’elles présentent un véritable danger, instaurer un lien de confiance avec lui est primordial. Si votre cheval éprouve du plaisir à passer du temps avec vous, il vous sera plus facile de le garder détendu face à une situation imprévue.
Pour cela, vous devez miser sur la régularité de vos interactions. Vous ne pouvez pas espérer de votre cheval peureux qu’il vous suive au bout du monde, si vous-même ne lui rendez visite qu’une fois tous les 15 jours !
Pour créer les bases d’une relation de confiance, le travail à pied est idéal. À cette occasion, votre cheval en apprend à maîtriser les codes. Ceux-ci constituent les bases nécessaires pour l’emmener en extérieur. Je vous conseille donc de commencer vos séances dans un espace clos et sécurisé. Ce peut être un manège, une carrière ou encore un rond de longe.
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Étape 2 : diversifier les séances d’un cheval qui a peur
Une fois les bases du travail à pied établies, elles vont vous être utiles pour franchir l’étape supérieure. Vous allez introduire des éléments nouveaux dans l’environnement de votre cheval. Plus vous lui présentez de situations différentes et inconnues, mieux il les apprivoise. De ce fait, la confiance qu’il place en vous se fortifie.
Pour créer de la nouveauté à chaque séance, toujours dans un espace clos, vous pouvez par exemple :
- faire marcher votre cheval peureux sur une bâche ;
- lui faire franchir un pont en bois ;
- le faire monter dans un van ;
- ou encore lui faire découvrir le travail en musique.
L’idée est donc de le confronter à des situations qu’il pourrait rencontrer lors d’une promenade. Toutefois, gardez en tête que vous ne devez pas le mettre à l’épreuve n’importe comment, au risque de produire l’effet inverse.
Présenter les nouveautés progressivement en observant son cheval
Quand vous confrontez votre cheval à une situation qui lui fait peur, veillez à le faire pas à pas et à ne pas dépasser la limite que celui-ci peut supporter. J’ai déjà assisté à certaines séances censées désensibiliser un cheval peureux pendant lesquelles l’animal était terrorisé, alors que les moniteurs continuaient à le stimuler ! Le résultat est sans appel : votre cheval est encore plus effrayé de travailler avec vous.
Rester vigilant sur sa propre attitude
Au moment de proposer à votre cheval un élément qu’il ne connaît pas, assurez-vous de ne pas vous crisper vous-même. Inutile d’envoyer un message d’alerte à un cheval nerveux. Respirez profondément, et pensez à lui sourire également.
Récompenser son cheval par un peu de confort
Vous constatez que votre dadou répond bien à l’exercice, n’oubliez pas de le récompenser. Apportez-lui un peu de confort, une pause, des gratouilles, etc. C’est une chose absolument importante pour lui rendre ce moment agréable. Ainsi, sa confiance en vous continue de se renforcer.
Exemple avec la découverte de branches basses
Les branches basses sont des éléments qu’un cheval sera amené à rencontrer en balade. Je vais donc confronter mon poulain Hawaï, 3 ans et demi, à cette situation. Un passage étroit est souvent source de stress pour un jeune cheval. Pourtant, il est important de l’y préparer pour ensuite pouvoir circuler en sous-bois ou sur de petits ponts. Pour ne pas stresser davantage mon cheval peureux, je décortique la difficulté en le faisant passer :
- dans un passage étroit entre 2 barres rapprochées au sol ;
- entre 2 chandeliers, sans précipitation ;
- sous une branche basse, que je positionne assez haut pour commencer, et que j’abaisse progressivement.
Pour l’aider à appréhender en douceur cette situation inconnue, je lui parle et je lui souris. Je veille également au positionnement de mon corps et à ma respiration.
Étape 3 : expérimenter les premières sorties en main en extérieur avec un cheval peureux
Si les 2 étapes précédentes ont bien été assimilées, votre cheval est maintenant bien éduqué et respectueux à pied. Désormais, il est temps de lui proposer des sorties en main, à l’extérieur. À ce stade, cela ne pose pas de problème particulier. Votre cheval a déjà confiance en vous, et devrait facilement vous suivre.
Pour commencer, optez pour des chemins assez courts, d’une quinzaine de minutes environ. Habituez-le à y passer régulièrement. Ainsi, vous préparez le terrain pour les premières sorties montées. Quoi qu’il en soit, si votre cheval se met à avoir peur soudainement, ne paniquez pas :
- restez décontracté, car les jeunes chevaux ont tendance à se caler sur votre état intérieur ;
- laissez-le sentir l’objet de sa peur, certains en ont besoin ;
- observez toujours votre cheval, vous saurez alors adapter votre comportement ;
- faites-le repasser plusieurs fois par l’endroit critique, seulement quand votre cheval a retrouvé sa sérénité.
Étape 4 : prévoir les premières les sorties montées en terrain connu, pour améliorer la désensibilisation d’un cheval
Privilégier un univers déjà connu du cheval peureux
Cette dernière phase matérialise un vrai changement pour votre cheval : vous n’êtes plus devant lui, mais sur son dos. Alors, pour ne pas trop le bousculer d’un coup, empruntez les mêmes chemins que ceux de vos sorties à pied.
Laissez-le brouter quand l’envie s’en fait sentir. Le but est que votre cheval soit zen et qu’il prenne du plaisir lors de sa promenade. Pour cela, n’hésitez pas à refaire ce chemin plusieurs fois.
Il est également possible de vous faire accompagner d’un autre cavalier ou d’un ami en vélo. Le cheval qui a peur apprécie une présence devant lui. Toutefois, je ne le conseille pas forcément. Il me semble plus difficile de sortir un cheval seul quand il a été habitué à sortir avec d’autres.
Faire en sorte d’être son point de repère
Le principe est de faire en sorte de tisser un lien particulier entre votre cheval et vous. En cas de problème, c’est auprès de vous qu’il doit se référer, et non auprès des autres chevaux.
Si vous vous demandez comment gérer un cheval peureux lors de la promenade, cherchez à attirer son attention. Pour ma part, avec de jeunes chevaux, je ne me contente pas de me balader. J’en profite pour leur proposer les mêmes exercices qu’en carrière. Je cherche à ce qu’ils se concentrent davantage sur moi que sur l’environnement. Pour capter leur attention, je :
- travaille les transitions ;
- m’amuse à déplacer les hanches et les épaules ;
- lui propose un slalom entre les arbres ;
- etc.
Lui laisser le temps de comprendre son environnement
Pour anticiper la réaction de leur cheval quand un danger survient, beaucoup de cavaliers font l’erreur de leur faire détourner la tête. Ils espèrent ainsi que leur cheval ne se laissera pas surprendre.
Toutefois, ce n’est pas ce qu’il y a de plus judicieux à faire. En effet, le cheval est en alerte, il entend un bruit, perçoit des odeurs, mais ne peut ni voir, ni comprendre de quoi il s’agit.
Au contraire, laissez votre cheval s’arrêter, voir, humer et s’imprégner de ce qui est à l’origine de sa peur. Ainsi, il pourra mieux l’apprivoiser à l’avenir.
Introduire progressivement de nouvelles contraintes
Au bout d’un certain temps, quand vous sentez votre cheval plus confiant au pas, vous pouvez envisager de varier vos allures. Selon votre ressenti, passez progressivement au trot, puis au galop.
Profitez-en également pour allonger petit à petit la durée des promenades et pour lui faire découvrir de lieux à explorer.
Prendre quelques précautions
Pour des raisons de sécurité, il est impératif de faire comprendre à votre cheval que s’il est autorisé à s’arrêter, en revanche, il n’a pas le droit de reculer, ni de faire demi-tour. En effet, s’il fait volte-face à chaque fois qu’il croise un papillon, vous n’êtes pas rendu ! Cela peut vite vous placer dans une posture délicate.
Ne soyez pas avare de compliments quand votre cheval passe avec brio près de l’objet de toutes ses craintes. Offrez-lui du confort en détendant vos rênes, en le félicitant ou en lui octroyant quelques gratouilles.
Gardez en tête que si la peur du cheval est toujours associée à une même circonstance, cela risque d’impacter votre position de cavalier. Si, à plusieurs reprises, votre cheval a eu peur de croiser un tracteur, il y a des chances pour que vous deveniez vous-même tendu à l’approche de l’un d’eux. En effet, vous anticipez sur la peur de votre cheval, alors que lui-même ne l’avait pas encore ressentie. Par conséquent, au lieu de le désensibiliser au tracteur, toute votre posture lui indique qu’il y a danger à l’approche de celui-ci. N’oubliez donc pas de rester zen et décontracté.
Dorénavant, vous avez toutes les cartes en main pour parvenir à faire de votre cheval peureux, une monture fiable à toute épreuve. Accordez-lui le temps nécessaire pour vous faire confiance. Un cheval qui a peur ne peut apprendre à la maîtriser en un claquement de doigts. Une fois votre complicité établie, diversifiez vos séances de travail à pied pour enfin lui faire connaître le plaisir des sorties sereines en extérieur. Et vous, quelles sont vos astuces pour désensibiliser un cheval craintif ?
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