Quand la peur à cheval prend le dessus

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Comment surmonter la peur à cheval et retrouver le plaisir de monter ? Comprenez vos émotions, apaisez votre corps et transformez la peur en alliée.

Vous connaissez cette sensation?

Vous êtes à l’écurie, en train de brosser votre cheval, et sans trop savoir pourquoi, votre cœur commence à s’emballer.
Les paumes deviennent moites, la respiration se raccourcit, et une petite voix intérieure murmure :

“Et si cette fois, il faisait un écart ? Et si je tombais encore ?”

La peur à cheval s’invite souvent sans prévenir. Parfois elle vient d’une chute.
Parfois, elle s’installe sans raison apparente, un jour où le cheval a fait un geste imprévisible, un jour où vous n’étiez “pas en forme”.
Et soudain, ce qui devait être un moment de plaisir devient une lutte intérieure.

Mais cette peur, aussi inconfortable soit-elle, n’est pas un signe de faiblesse.
Elle est un mécanisme de protection parfaitement normal, programmé depuis la nuit des temps pour nous garder en sécurité.
Le problème, ce n’est pas la peur elle-même : c’est ce qu’on en fait.

Dans cet article, nous allons explorer ce qui se passe dans votre corps et votre cerveau quand la peur prend le dessus à cheval — et surtout, comment apprendre à la reconnaître, à la comprendre et à l’apaiser pour retrouver sérénité et plaisir.

Parce qu’en réalité, la peur ne cherche pas à vous freiner…
Elle cherche simplement à vous protéger.

Et si vous appreniez à en faire votre alliée ?

(Si ce sujet vous parle, sachez que j’animerai très bientôt un atelier pratique en direct pour vous aider à transformer cette peur en sérénité. Je vous en reparle à la fin de l’article 😉.)

La peur, une émotion universelle et utile

Cavalier calme et serein caressant son cheval après avoir surmonté sa peur à cheval.

Les émotions primaires : notre boussole intérieure

Avant de chercher à se débarrasser de la peur, il faut déjà comprendre d’où elle vient.
Les chercheurs en psychologie des émotions, comme Paul Ekman, ont identifié ce qu’on appelle les émotions primaires : des réactions innées, présentes chez tous les êtres humains, quels que soient l’âge, la culture ou le milieu social.

Elles sont au nombre de six :
➡️ la peur,
➡️ la colère,
➡️ la joie,
➡️ la tristesse,
➡️ le dégoût,
➡️ et la surprise.

Chacune d’entre elles joue un rôle essentiel.
La peur nous pousse à fuir ou à éviter le danger.
La colère nous donne l’énergie de surmonter un obstacle.
La joie renforce nos liens sociaux et nous encourage à recommencer ce qui nous fait du bien.
La tristesse attire l’attention du groupe, favorisant le soutien et la cohésion.
Le dégoût nous protège d’une éventuelle indigestion.
Et la surprise éveille tous nos sens pour nous aider à réagir rapidement à l’imprévu.

En somme, les émotions sont un système d’alerte intégré, un langage du corps qui précède la réflexion consciente.
Elles nous permettent de nous adapter à notre environnement en une fraction de seconde, bien avant que le cerveau “rationnel” n’entre en jeu.

La psychothérapeute Isabelle Filliozat le résume d’ailleurs parfaitement :

“Les émotions, c’est la façon dont mon corps s’adapte à l’environnement.”

Autrement dit, quand vous ressentez de la peur, votre corps n’est pas en train de “mal réagir”.
Il est en train de faire son travail.
Il perçoit une situation potentiellement dangereuse et déclenche une réaction automatique pour vous protéger.

Et c’est là que se joue une clé fondamentale :
La peur n’est pas un ennemi à combattre, mais une information à écouter.

La peur, gardienne de notre sécurité

Quand la peur se manifeste, ce n’est pas un bug de votre système émotionnel : c’est une fonction de sécurité.
Une alarme intégrée, conçue pour vous maintenir en vie.

Dès qu’un élément est perçu comme menaçant — un bruit soudain, un cheval qui s’agite, une situation inconnue —, votre cerveau limbique, la partie la plus ancienne du cerveau, prend immédiatement les commandes.
Il libère alors une cascade de réactions automatiques :

  • libération d’adrénaline et de cortisol,
  • accélération du rythme cardiaque,
  • respiration plus courte,
  • muscles qui se tendent,
  • vigilance accrue.

Rien de tout cela n’est “anormal”.
C’est simplement votre corps qui se prépare à réagir rapidement : fuir, esquiver, se protéger.
Autrement dit : la peur met votre organisme en alerte pour assurer votre survie.

Imaginez que vous soyez dans un avion.
Un voyant rouge s’allume sur le tableau de bord du pilote.
Que préféreriez-vous ?
Un pilote attentif, qui vérifie calmement d’où vient le signal,
ou un pilote qui coupe l’alarme en disant : “Oh, ce bip m’agace, je préfère ne pas l’entendre”?

Évidemment, vous choisissez le premier.
Parce qu’un voyant rouge n’est pas un drame — c’est une information précieuse.

Et c’est exactement ce qu’est la peur.
Un voyant rouge intérieur qui vous indique qu’il y a peut-être quelque chose à observer, à ajuster, à comprendre.

Le problème, c’est que beaucoup de cavaliers confondent ressentir la peur et être peureux.
Or, ce sont deux choses totalement différentes.

Ressentir la peur, c’est une réaction biologique normale.
Être “peureux”, c’est une étiquette identitaire qu’on se colle (ou qu’on nous a collée).

Et c’est cette confusion qui entretient la culpabilité :
“J’ai peur, donc je ne suis pas à la hauteur.”
Faux.
Vous n’êtes pas votre peur. Vous êtes un cavalier qui ressent de la peur — et ça, c’est tout à fait sain.

La peur n’est pas là pour vous paralyser, mais pour vous prévenir.
Elle vous dit : “Attention, il y a quelque chose d’important pour toi ici.”
Et plus on apprend à écouter ce message sans le juger, plus la peur cesse d’être un mur…
et devient une boussole.

Pourquoi la peur s’invite souvent à cheval

Les multiples visages de la peur équestre

Cavalier ressentant la peur à cheval pendant une séance d’équitation, symbolisant les émotions du cavalier.

On parle souvent de “la peur à cheval” comme si c’était une seule et même chose.
Mais en réalité, elle porte de nombreux visages.
Et selon notre histoire, notre vécu, notre environnement, ce n’est pas la même peur qui se manifeste.

Il y a d’abord la peur d’échouer.
C’est la plus évidente.
La peur de tomber, de se blesser, de perdre le contrôle.
Mais aussi la peur de “ne pas y arriver”, de ne pas être à la hauteur, d’être déçu de soi.
En équitation, l’échec n’est jamais neutre : il touche à la fois le corps, l’ego et parfois même la confiance dans notre cheval.

Puis vient la peur du regard des autres.
Celle-là est redoutable.
Parce que la plupart du temps, nos séances se passent en groupe, sous l’œil d’un moniteur, d’autres cavaliers, parfois de spectateurs.
Et combien d’entre nous ont appris à monter dans cette ambiance où l’on entend encore :

“Allez, t’es ridicule, avance !”
“Mais t’as peur de quoi, enfin ?!”

Je me souviens moi-même de cette époque où, à chaque chute, le moniteur riait.
Et tout le monde riait avec lui.
C’était “l’ambiance du club”, paraît-il.
Mais derrière ces éclats de rire, il y avait souvent un petit cœur qui se refermait.
Un cœur d’enfant, ou d’adulte, qui se promettait en silence : “La prochaine fois, je ne montrerai rien.”

Et c’est ainsi que naît une autre peur : la peur d’être humilié.
Celle qui brûle à l’intérieur quand on se fait rabaisser, ridiculiser, juger.
Et qui laisse une trace durable.
Combien de cavaliers, encore aujourd’hui, me confient qu’ils évitent certains cours, certaines disciplines, ou même certaines personnes, juste pour ne plus revivre ça ?

À cela s’ajoute la peur du rejet.
La peur d’être “le boulet du groupe”, celui qui fait perdre du temps, qui ralentit la reprise, qui demande d’arrêter le galop quand les autres s’amusent.
Et comme nous sommes des êtres profondément sociaux, cette peur du rejet est parfois plus forte encore que la peur physique de la chute.

Et puis, il y a cette peur plus subtile, presque paradoxale : la peur de réussir.
Celle qui pousse certains cavaliers à s’auto-saboter, à freiner inconsciemment leur progression, parce qu’ils redoutent ce qui viendra après.
Réussir, c’est aussi “passer un cap”, se confronter à de nouvelles attentes, parfois à un nouveau regard.
Et si je décevais ensuite ?
Et si je n’étais pas à la hauteur de ce que j’ai montré ?

Enfin, il existe une peur encore plus profonde, souvent la plus paralysante : la peur d’avoir peur.
Celle-là, c’est le piège du cerveau.
Quand la peur arrive, tout se fige.
La respiration se bloque, le mental s’éteint, le corps réagit tout seul.
Et comme on se souvient de cette perte de contrôle, on redoute qu’elle revienne.
Alors, on anticipe.
Et plus on anticipe… plus elle revient vite.

La vérité, c’est qu’en équitation, la peur est partout.
Parce qu’elle touche à tout ce qu’on est : notre corps, notre estime, notre rapport au regard des autres, et même notre relation à l’animal.
Mais il n’y a rien d’anormal à cela.
La peur n’est pas une ennemie : elle est un miroir.
Et tant qu’on ne la regarde pas en face, elle reflète nos blessures passées.
Le jour où on ose la regarder avec bienveillance, elle devient une porte d’entrée vers plus de conscience, plus de douceur, et une toute autre relation à son cheval.

L’équitation, un contexte émotionnel particulier

L’équitation n’est pas un sport comme les autres.
C’est un sport d’équilibre, de sensations, et surtout de lien.
Un lien unique avec un être vivant, sensible, doté d’émotions, de réactions, et parfois… d’imprévus.

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Quand on monte à cheval, on ne contrôle jamais tout.
Et c’est justement cette part d’incertitude qui rend la discipline aussi belle… et parfois aussi angoissante.
Contrairement à une raquette, un ballon ou un vélo, le cheval a son propre ressenti, sa propre humeur, sa propre lecture du monde.
Un sac plastique qui s’envole, un oiseau qui s’échappe d’un buisson, un bruit métallique… et c’est tout son corps qui réagit.
Et le nôtre, à son tour, réagit au sien.

Cette interdépendance émotionnelle crée une vulnérabilité amplifiée :
on ne gère pas seulement sa propre peur, on gère aussi la résonance de celle du cheval.
Et inversement.

C’est pour cela qu’on peut se sentir démuni :
parfois, on a l’impression que tout va bien… jusqu’à ce que le cheval fasse un écart, et que la peur ressurgisse brutalement.
Ou au contraire, c’est nous qui arrivons tendus, et notre cheval qui s’agite sans qu’on comprenne pourquoi.

Et à cette réalité déjà complexe, s’ajoute souvent une autre pression : celle du regard et du jugement.
Le regard du moniteur, du groupe, des parents, des passants au bord de la carrière.
Cette impression d’être constamment observé, évalué, comparé.
Et dans un sport où la perfection gestuelle compte autant et où la bienveillance n’est pas toujours au rendez-vous, ce regard peut devenir un vrai poids.

On voudrait bien lâcher prise, respirer, “ne pas penser qu’on fait mal”…
Mais en réalité, la peur d’être jugé, la peur de rater devant les autres, la peur de décevoir — tout cela se mélange et nourrit le stress.

Alors oui, la peur à cheval est plus fréquente qu’on ne veut bien le dire.
Et quand on regarde les choses sous cet angle, on comprend qu’il n’y a rien d’anormal à avoir peur.
Au contraire, c’est une preuve de conscience.
La peur nous rappelle à quel point ce lien fragile et magnifique entre le cavalier et le cheval mérite d’être respecté.

“Mon cheval va le sentir” : une idée reçue (ou pas ?)

Oui, le cheval perçoit nos émotions

On l’entend souvent :

“Ne montre pas que tu as peur, sinon ton cheval va le sentir.”

Et il faut bien l’avouer, cette phrase met une pression terrible.
Parce qu’au moment même où on se dit “il ne faut surtout pas que j’aie peur”, notre cœur bat encore plus fort… et notre cheval le sent, justement.

Mais est-ce vrai ?
Oui, le cheval perçoit nos émotions — et même bien plus finement qu’on ne l’imagine.

Les études menées ces dernières années en éthologie et en comportement animal ont montré que le cheval est capable de détecter les variations du rythme cardiaque humain, de percevoir les changements de respiration, et de lire avec une précision étonnante les tensions musculaires et les micro-mouvements du corps.
C’est d’ailleurs logique : en tant qu’animal proie, son instinct de survie repose sur une hypervigilance permanente.
Dans la nature, sentir qu’un autre être vivant est tendu ou détendu peut faire la différence entre la vie et la mort.

En revanche, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le cheval ne “profite” pas de nos émotions.
Il ne calcule pas, il ne juge pas.
Il réagit.
Et il s’ajuste à ce qu’il ressent.

Quand un cavalier est crispé, le tonus de son corps change :
les genoux se serrent, le bassin se bloque, les mains deviennent plus dures.
Le cheval sent tout cela.
Il ne se dit pas : “Tiens, elle a peur, je vais en profiter pour faire un écart !”
Non.
Il ressent simplement une tension inhabituelle dans son environnement — et comme tout animal sensible, il réagit.

Inversement, quand le cavalier respire calmement, que son corps devient souple et cohérent, le cheval se synchronise naturellement.
Sa fréquence cardiaque s’aligne, ses gestes se ralentissent, son attention se recentre.

C’est presque magique, mais c’est en réalité de la physiologie pure :
nos systèmes nerveux communiquent entre eux, en permanence, à travers les signaux du corps.

Alors oui, votre cheval sent vos émotions.
Mais non, ce n’est pas un problème.
Ce qui le perturbe, ce n’est pas votre peur — c’est votre lutte pour la cacher.

Et c’est là qu’une autre forme de confiance peut naître :
celle où l’on ose dire à voix haute, même en selle :

“Oui, j’ai peur. J’ai peur quand je pars au galop ou j’ai peur quand tu fais un écart”

Parce qu’au moment où vous l’admettez, quelque chose se détend.
Votre corps cesse de résister, et le cheval, lui, se détend automatiquement, par effet de vases communicants. Il retrouve un cavalier plus souple, plus zen — et donc, plus rassurant.

Le vrai problème : cacher sa peur

Le vrai danger, ce n’est pas d’avoir peur.
C’est de refuser de la voir.

Beaucoup de cavaliers ne s’autorisent même plus à reconnaître leur peur.
Ils se disent que “ce n’est pas rationnel”, que “ce n’est pas professionnel”, ou encore que “ça ne se fait pas quand on aime les chevaux”.
Alors ils la refoulent.
Ils serrent les dents, montent quand même, en se répétant : “Allez, ça va aller.”

Mais la peur qu’on cache ne disparaît pas.
Elle change simplement de visage.

Chez certains, elle devient colère :
contre le cheval qui “n’avance pas”, qui “regarde tout”, ou qui “fait exprès de refuser”.
Chez d’autres, elle se transforme en dureté : on se crispe, on contrôle, on exige.
On verrouille le cadre, on veut tout maîtriser — comme si, en tenant plus fort, on risquait moins de tomber.
Et parfois, quand la peur et la pression s’accumulent, notamment en compétition, cette dureté peut se muer en violence.

Qui n’a jamais vu un cavalier, après un refus, s’énerver contre son cheval, donner un coup de cravache, hausser la voix, ou mettre plus de main “pour montrer qu’il tient les rênes” ?
Ce n’est pas toujours de la méchanceté.
C’est souvent une peur non reconnue.
Une peur transformée en réaction défensive : “Ce n’est pas moi qui ai eu peur, c’est lui qui a mal fait.”

Mais au fond, c’est la même histoire.
Le cavalier n’a pas su — ou pas osé — accueillir sa propre peur.

Refuser de voir sa peur, c’est comme être le pilote d’avion qui ignore le voyant rouge qui s’allume sur le tableau de bord.
Sur le moment, on se dit que c’est plus confortable de ne pas regarder.
Mais à long terme, c’est beaucoup plus risqué…

Regarder ce voyant rouge, c’est reconnaître qu’il y a quelque chose à ajuster.
Ce n’est pas un échec, c’est un acte de lucidité.

Et c’est exactement la même chose en équitation :
tant que vous niez votre peur, vous la subissez.
Le jour où vous acceptez de la voir, sans honte ni jugement, elle redevient une simple information.
Vous reprenez les commandes.

Et paradoxalement, c’est souvent le jour où vous acceptez d’avoir peur que la peur commence enfin à s’apaiser.

La peur ne dit pas toujours la vérité

Le cerveau, grand scénariste de dangers imaginaires

Notre cerveau est un fabuleux outil… mais aussi un scénariste hors pair.
Dès qu’il perçoit un risque potentiel, il se met à fabriquer des histoires.
Des films, parfois très convaincants, dans lesquels tout finit mal — juste au cas où.

C’est son rôle : vous protéger.
Le cerveau limbique, cette partie ancienne du cerveau qui gère les émotions, fonctionne encore comme à l’époque des mammouths.
Son job, c’est de détecter les dangers avant qu’ils n’arrivent.
Le problème, c’est qu’en équitation, il n’a pas toujours bien compris que vous n’êtes plus poursuivi par un prédateur, mais simplement en train de préparer une séance avec votre Dadou.

Alors il interprète. Il anticipe.
Et il vous envoie des messages du type :

“La dernière fois, ton cheval a sursauté ici, donc il va recommencer.”
“Si tu montes aujourd’hui, tu vas sûrement tomber.”
“Regarde, il bouge les oreilles… c’est mauvais signe.”

Et plus vous y pensez, plus le scénario se renforce.
Votre corps, lui, ne fait pas la différence entre ce qui est imaginé et ce qui est réel.
Le rythme cardiaque augmente, la respiration se bloque, les muscles se tendent… comme si le danger était déjà là.

Résultat : vous ressentez de la peur non pas à cause d’une situation réelle, mais à cause d’une image fabriquée par votre cerveau.

Des études montrent que près de 90 % des scénarios de peur anticipés n’arrivent jamais.
90 %.
C’est énorme.

Cela veut dire que la majorité du temps, vous avez peur de quelque chose… qui n’existe pas (encore).
Et c’est précisément là que la peur devient trompeuse.
Non pas parce qu’elle ment, mais parce qu’elle exagère.
Elle essaie juste d’attirer votre attention, comme une maman inquiète qui dirait :

“Fais attention, mon cœur, ton cheval n’a pas travaillé depuis 10 jours, il risque d’avoir beaucoup d’énergie !”

Et vous, vous pouvez simplement lui répondre :

“Merci Maman, j’ai compris, je serai prudente et je vais d’abord le longer avant de le monter”

La peur ne cherche pas à vous empêcher de monter.
Elle cherche juste à vous dire :

“Regarde, il y a peut-être quelque chose à sécuriser avant d’y aller.”

Le secret, ce n’est donc pas d’empêcher la peur de parler,
mais d’apprendre à écouter ce qu’elle veut dire
sans la laisser prendre le micro en continu.

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Comprendre ≠ subir

Comprendre comment fonctionne la peur, c’est déjà une victoire.
Mais ce n’est pas suffisant.
L’étape suivante, c’est d’apprendre à ne plus la subir.

La peur se manifeste toujours à travers des pensées anticipatoires.
Ces petites phrases automatiques qui défilent dans la tête sans même qu’on s’en rende compte :

“Et si je tombe ?”
“Et si le cheval fait un écart ?”
“Et si tout le monde me regarde ?”

Ces pensées créent des images, les images activent des émotions, et les émotions entraînent des réactions physiques.
C’est un cercle parfaitement logique… mais aussi parfaitement réversible.

La clé, c’est de mettre de la conscience sur ce processus.
De repérer la pensée, et de la nommer pour ce qu’elle est :

“Tiens, voilà une pensée anticipatoire.”

Rien que ce petit recul change tout.
Parce qu’à partir de ce moment-là, ce n’est plus la peur qui conduit — c’est vous.

Vous pouvez alors reformuler :

“Je ressens de la peur parce que mon cerveau veut me protéger.”

Cette simple phrase, dites-la lentement.
Ressentez comme elle change votre posture intérieure.
Vous passez de “je suis submergé” à “je comprends ce qui se passe”.
Et comprendre, c’est déjà reprendre le contrôle.

Transformer la peur en alliée

Relation de confiance entre cavalier et cheval, symbole de sérénité retrouvée après avoir apprivoisé la peur à cheval.

Calmer le corps pour apaiser l’esprit

Oui, comprendre, c’est déjà reprendre le contrôle.
Mais dans les faits, quand on a les fesses sur son cheval, ce n’est pas toujours si simple.

Le mental a souvent du mal à calmer un corps en panique.
Vous avez beau vous dire “allez, respire, détends-toi”, rien n’y fait.

Et quand le mental n’arrive plus à apaiser le corps, parfois, il faut faire l’inverse :
utiliser le corps pour calmer le mental.

Voici trois exercices simples pour retrouver le calme, même quand l’adrénaline commence à s’emballer.
Des exercices que vous pouvez pratiquer chez vous, à pied ou à cheval,
et que nous approfondirons ensemble pendant l’atelier pratique.

Exercice 1 : La respiration en carré

C’est l’un des outils les plus efficaces pour réguler le stress.
L’idée est simple : respirer sur un rythme stable, en quatre temps égaux.

1️⃣ Inspirez lentement sur 4 secondes.
2️⃣ Retenez votre souffle sur 4 secondes.
3️⃣ Expirez doucement sur 4 secondes.
4️⃣ Restez poumons vides pendant 4 secondes.

Refaites ce cycle 4 fois de suite, en imaginant que vous tracez un carré avec votre respiration.

Au bout de deux minutes, votre rythme cardiaque se régule, votre taux d’adrénaline diminue, et le corps envoie enfin un message de sécurité au cerveau : “Tout va bien.”

C’est souvent ce simple message physiologique qui fait redescendre l’intensité de la peur.

Exercice 2 : L’ancrage corporel

Quand la peur surgit, on “monte dans la tête”.
On pense, on imagine, on anticipe.
L’objectif ici est de redescendre dans le corps.

Debout, ou en selle si c’est possible, portez votre attention sur vos points d’appui :
vos pieds au sol, vos ischions dans la selle, vos jambes au contact du cheval.

Imaginez que ces points d’appui s’enracinent lentement dans le sol, comme des racines d’arbre.
Plus elles s’enfoncent, plus votre respiration s’élargit, plus vous vous sentez stable.

Cet exercice simple permet de faire passer votre attention du mental vers le sensoriel, et d’interrompre le flot des pensées anxieuses.

Exercice 3 : L’observation consciente

La peur crée des sensations physiques :
le cœur qui bat, la gorge serrée, les jambes tremblantes.
Au lieu d’essayer de les fuir, essayez de simplement les observer.

Dites-vous :

“Tiens, je sens ma respiration plus rapide.”
“Tiens, j’ai les épaules qui se contractent.”

Pas besoin de juger, ni de vouloir changer quoi que ce soit.
Juste observer, avec curiosité.

C’est ce qu’on appelle la conscience corporelle, et c’est l’une des clés les plus puissantes pour apaiser la peur.
Parce qu’à partir du moment où vous observez votre peur, vous n’êtes plus dedans : vous la regardez.
Et cette distance suffit souvent à reprendre la main.

Ces trois exercices sont simples, mais incroyablement puissants s’ils sont pratiqués régulièrement.
Et si vous souhaitez les expérimenter en direct, avec ma voix pour vous guider et des exemples concrets de mise en pratique,
je vous invite à participer à l’atelier pratique “Trois clés pour remonter à cheval avec sérénité, de la peur au plaisir.”

Dissocier l’émotion de l’identité

“J’ai peur.”
“Je suis nul.”
Ces deux phrases semblent proches… mais elles ne disent pas du tout la même chose.

Dans la première, on observe une émotion.
Dans la seconde, on se définit par cette émotion.

Et c’est là que tout se joue.

Depuis l’enfance, on reçoit des étiquettes identitaires :

“Il est peureux.”
“Elle est trop sensible.”
“C’est un enfant timide.”
“Toi, t’es la bonne élève.”

Toutes ces phrases, prononcées parfois sans méchanceté, finissent par s’ancrer profondément.
Elles deviennent comme une petite voix intérieure qui murmure, au moment où la peur surgit :

“Tu vois, tu n’y arriveras jamais.”
“Tu es comme ça, tu as toujours eu peur.”
“Tu n’es pas faite pour ça.”

Et à force de l’entendre, on y croit.
On ne se dit plus “j’ai peur aujourd’hui”, mais “je suis une peureuse”.
On ne se dit plus “j’ai raté cette séance”, mais “je suis nulle”.

Pourtant, l’émotion n’a rien à voir avec la valeur de la personne.
La peur ne dit pas qui vous êtes.

C’est un signal, pas une étiquette.
Un indicateur de progression, pas une preuve d’échec.

Apprendre à monter à cheval, c’est apprendre à ressentir — la peur, la joie, la frustration, la fierté.
C’est tout ce mélange d’émotions qui fait partie du chemin, de l’apprentissage, du vivant.

Alors la prochaine fois que vous sentez la peur monter,
essayez de remplacer la phrase “je suis nulle” par :

“Je vis une émotion qui me montre que je sors de ma zone de confort.”

Parce que c’est exactement là que la progression commence.

Ce que la peur révèle de nous (et de notre relation au cheval)

Et si la peur n’était pas là pour vous freiner…
mais pour vous rendre meilleur cavalier ?

Parce qu’en réalité, la peur ne dit pas “tu es faible”.
Elle dit :

“Tu tiens à ce que tu fais.”
“Tu veux bien faire.”
“Ce lien compte pour toi.”

La peur révèle nos zones de vulnérabilité, oui,
mais aussi notre attachement, notre sensibilité, notre désir d’harmonie.

Et cette sensibilité-là, c’est un trésor pour qui veut progresser à cheval.

Être un cavalier émotif, c’est être un cavalier sensible

On a souvent voulu faire croire que le bon cavalier est celui qui “ne ressent rien”,
qui reste impassible, froid, toujours maître de lui.

Mais la vérité, c’est que les meilleurs cavaliers sont ceux qui ressentent profondément.
Ils perçoivent les micro-tensions, les respirations qui changent,
les hésitations minuscules dans le mouvement du cheval.

Ce sont ces cavaliers-là qui, parce qu’ils se connaissent,
parce qu’ils écoutent ce qui se passe en eux,
peuvent aussi écouter ce qui se passe chez leur cheval.

Un cavalier émotif est souvent un cavalier empathique.
Et un cavalier empathique, c’est un cavalier fiable.
Parce qu’il sait sentir, ajuster, rassurer.

Quand on apprend à apaiser sa peur, on apaise aussi son cheval

Un cavalier qui accepte ses émotions ne les subit plus.
Il devient cohérent, prévisible, stable —
et c’est exactement ce dont le cheval a besoin pour se sentir en sécurité.

Votre peur, si vous apprenez à l’écouter, devient donc une alliée.
Elle vous apprend à respirer plus calmement, à bouger plus lentement,
à parler avec le corps plutôt qu’avec la force.

Et c’est là que la vraie magie opère :
vous ne cherchez plus à “dominer” votre cheval,
vous entrez en dialogue avec lui.

Et si c’était ça, finalement, le vrai courage du cavalier ?

Non pas ne plus jamais avoir peur…

mais savoir l’écouter, la comprendre, offrir à son cheval un leadership apaisé.

changer de regard sur la peur

Ressource drôle et inspirante

Si le sujet de la peur à cheval est souvent un peu tabou, c’est aussi parce que parfois il peut sembler lourd.
Parce qu’il réactive des souvenirs, des chutes, des jugements, des blessures de confiance.
Mais on peut aussi apprendre à en sourire.

Si vous avez envie de poser un regard plus léger sur tout ça,
je vous invite à regarder une petite pépite d’humour et de bon sens :
la vidéo “Les émotions” de la chaîne Et tout le monde s’en fout.

Cinq minutes de rire (et de réflexion) qui font un bien fou.

Alors, avant de refermer cet article, prenez une minute pour vous répéter ces phrases —
comme un petit mantra à garder en tête avant votre prochaine séance :

🌿 La peur est une émotion normale, utile et protectrice.
🌿 Elle ne dit pas la vérité, mais elle a un message à transmettre.
🌿 J’ai le droit d’avoir peur.
🌿 Et si je ressens cette peur, c’est simplement le signe que je sors de ma zone de confort.

Et si vous sentez que ce texte a réveillé quelque chose en vous,
que vous avez envie de comprendre plus en profondeur vos réactions,
et de retrouver la sérénité à cheval,
je vous invite à me rejoindre pour l’atelier pratique gratuit : Mardi 21 octobre à 20h30 (heure de Paris) sur Zoom

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On y parlera de tout ça, mais surtout, on expérimentera ensemble.
Parce que comprendre, c’est bien.
Mais vivre la transformation, c’est encore mieux.

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1 Commentaire

  1. Le Gal

    Bonjour Aurélie.
    Très bon article. Détaillé et fort bien écrit.
    Cette brillante analyse de la peur à cheval peut d’ailleurs s’adapter à toutes les situations dans la vie quotidienne.
    Bravo pour avoir su expliquer cette émotion pourtant très complexe, de façon claire, en format A4.
    Et merci d’aider tous les cavaliers à devenir le meilleur d’eux-mêmes.

    Réponse

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Qui suis-je

Bonjour, je suis Aurélie Seguin, Cavalière depuis mes 5 ans et monitrice d’équitation depuis + de 15 ans. Je dédie ce blog à tous les cavaliers désireux d’apprendre à bien s’occuper de leur Dadous.