pieds-nus : confort du cheval ou idées reçues ?

A savoir AVANT de déferrer son cheval – Transcription de la vidéo YouTube

CSO, dressage, cross, endurance … De plus en plus d’athlètes de haut niveau passent leur chevaux pieds-nus.

Depuis 30 ans, le monde du cheval est secoué par des théories nouvelles selon lesquelles les chevaux pourraient parfaitement être montés sans fers. Et même pire, que le fer nuirait à la locomotion et au système musculo squelettique du cheval. Pour Guillaume Parisot, de la Podologie Equine Libre : “La gestion des chevaux pieds nus n’est pas simplement «une mode » c’est juste une RÉVOLUTION.” 

Et pourtant, la majorité des chevaux de loisirs, des chevaux de sport et des chevaux de course sont encore ferrés. A la finale du CSO individuel aux derniers jeux équestres mondiaux, un seul cheval a concouru pied nu. Celui du vainqueur de l’épreuve, King Edward. Le ferrage systématique des chevaux reste encore la norme.

Et donc, si vous êtes propriétaire d’un cheval, vous devez certainement vous poser la question : Est-ce que vous devriez continuer à ferrer votre cheval ou lui enlever ses fers pour le passer pieds-nus ? 

Avoir un cheval pieds-nus, un concept et du travail

Mais attention, avoir un cheval “pieds-nus” et avoir un cheval sans fer, ce n’est pas la même chose.  Car avoir un cheval pieds-nus, c’est un concept et du travail pour entretenir sa corne.

Xénophon, traité d’équitation

Voici le tout premier traité d’équitation écrit par Xénophon au Vième siècle avant Jésus Christ. Il préconisait déjà d’entretenir la corne du cheval par un contact régulier avec des sols abrasifs, des graviers et des cailloux, pour renforcer la solidité du pied.

Alors qu’a-t-on fait entre les deux ? Pourquoi a-t-on inventé le fer si le cheval pouvait vraiment rester pied nu ? Est-ce que le pieds-nus est une mode qui va nous ramener 25 siècles en arrière ?  Ou est ce que c’est plutôt le fer qui nous empêche d’évoluer en tant qu’homme et femme de cheval ? Retour sur 25 siècles de malentendu.

2/ La parfaite adaptabilité du cheval à son milieu naturel vs la domestication

troupeau de chevaux sauvages
La parfaite adaptabilité du cheval à son milieu naturel

Si à l’époque de Xénophon on se posait des questions pour renforcer la corne du cheval, c’est que les cavaliers rencontraient déjà des problèmes de sensibilité. Et étaient restreints dans l’utilisation de leur monture. Pourtant  le cheval, dans son milieu naturel, parcourt plusieurs dizaines de kilomètres par jour, sans mal apparent.

On peut donc penser que c’est la domestication qui altère la qualité de la corne du cheval.

C’est ce qu’à constaté Jamie Jackson, qui, après plusieurs années à exercer le métier de maréchal-ferrant, est parti observer des troupeaux de mustangs sauvages. (extrait Les indiens d’Amérique et le cheval, Maria Francini) :

“Les pieds des chevaux vivant à l’état sauvage n’ont rien de comparable avec ceux de leurs congénères domestiques. Le talon n’excède jamais le demi-centimètre, et même en pince le  sabot est très court. […] La sole est extrêmement concave, comme un pied humain. La fourchette, très dure et compacte, dépasse à peine de la sole. Le sabot a une extraordinaire légèreté. Les trois quart de l’année, il donne l’impression d’un os desséché. Au toucher, la texture de la corne ressemble à une peau au grain fin. Mais au bout de quelques semaines dans les corrals du BLM, l’état des sabots des chevaux capturés commence à se dégrader. On peut en déduire que la bonne qualité de l’appareil locomoteur dépend entièrement du mode de vie des équidés”.

D’autant que le cheval domestique aura à porter un cavalier ou à tracter des charges. Ce qui va nécessairement augmenter l’usure du sabot et donc la sensibilité du cheval.

Alors comment faisait -on avant le fer à cheval?

3/ comment faisait-on avant l’invention de la ferrure ? La recherche de techniques de protection

L’invention de l’hipposandale

Les Indiens d’Amérique avait trouvé une solution avec la fabrication d’hipposandales. C’était une sorte de chausson fait en cuir de bison, que l’on mettait temporairement à un cheval boiteux. Le chausson était rempli de crottins émiettés. L’environnement chaud et humide permettait une pousse rapide de la corne, et très vite, le cheval pouvait à nouveau travailler. 

Xénophon

A l’époque de Xénophon, on utilisait aussi une sorte d’hipposandale. C’était une semelle de fer, glissée sous le sabot, avec un système d’œillets permettant un laçage au moyen d’une lanière de cuir. Mais très vite, les techniques de renfort de la corne et les hipposandales ponctuelles se  sont révélées imparfaites et inadaptées pour nombre de cavaliers. Car le cheval est très vite devenu une arme de guerre.

3/ Comment le fer à cheval a tout changé : le cheval comme arme de guerre

Le cheval comme arme de guerre -Photo Pixabay

On évalue l’apparition du fer cloué au moyen âge en Europe. Les cavaliers avaient alors besoin d’ un cheval capable de parcourir de grandes distances, sur tous types de terrain, à vive allure et avec un cavalier sur le dos.

Les avantages du fer à cheval

L’avantage du fer à cheval, c’est que de façon quasi instantanée après la ferrure, le cheval devient insensible, sur tout type de sol, pour une durée allant de 6 à 8 semaines.

On comprend donc que pour tous les cavaliers ayant besoin d’un cheval pour partir faire la guerre, pour voyager, pour porter des charges ou pour tracter un attelage, le fer à cheval est devenu une nécessité. Et le maréchal-ferrant est devenu une personne incontournable dans les soins apportés aux chevaux.

5/ La perpétuation des techniques de maréchalerie

Aujourd’hui, l’utilisation du cheval a changé et plus personne ne selle son destrier pour aller guerroyer. Mais l’utilisation du fer pour protéger la corne du cheval est restée la norme. Et les techniques ont peu évolué.

cavalière sur son cheval
Le cheval, un animal utilisé pour le loisir – Photo Pixbay

Certes, depuis le milieu du XX ème siècle, les fers se sont spécialisés pour les chevaux de sports et de loisirs. Ils se sont allégés, ils sont rainés, et le maréchal-ferrant réalise de bonnes ajustures en s’adaptant à la tournure du pied du cheval. Certains matériaux sont venus compléter le fer comme les plaques en cuir, le caoutchouc et le silicone et certains chevaux de course sont ferrés avec de l’aluminium pour plus de légèreté.

Mais la plupart des chevaux de sports et de loisirs restent ferrés avec de l’acier et des clous. C’est pratique et efficace. Quand on a un cheval qui rechigne à marcher sur les cailloux parce qu’il est sensible, il suffit de l’équiper d’un fer. Et celui passera sans hésitation et sans douleur apparente sur le chemin en question.

Pour le propriétaire, c’est une façon simple et économique de protéger son cheval dans l’immédiat. Sans lui demander une formation particulière ou de la manutention.

La maréchalerie soigne également de nombreuses pathologies grâce à l’orthopédie.

6/ Les contraintes du fer à moyen et long terme

Mais, parce que oui, il y a un mais.

A moyen et long terme, la ferrure ne s’avère pas être sans risque, car elle altère le fonctionnement naturel du pied.

Le rôle d’amortissement de la fourchette

Quand le cheval marche, le poids qui s’exerce sur son membre comprime et écrase sur le sol le coussinet plantaire et la fourchette. Cette compression provoque des pressions latérales contre les fibrocartilages et contre la paroi du sabot, qui s’écarte.

Cette fonction d’amortissement est essentielle car elle permet d’absorber les vibrations et donc de protéger les articulations des membres du cheval. 

Sauf que, quand le cheval est ferré, la fourchette n’est plus en appui avec le sol, elle ne joue donc plus son rôle d’amortissement.

D’autre part, la rigidité de l’acier ne permet pas, ou très peu, au pied de s’écarter. Donc à chaque pas, au lieu que les vibrations liées au choc avec le sol soient absorbées par le rôle mécanique du pied, elle remonte dans les articulations et les tendons.

Sans compter que ses vibrations sont augmentées par la rigidité de l’acier. A chaque pas sur un sol dur, le fer résonne et démultiplie les vibrations.

Et cela a un impact sur tout l’appareil musculo squelettique du cheval, et va provoquer toutes sortes de pathologies.. Comme les tendinites, les tares molles et les tares dures des membres ou les dorsalgies, très fréquentes chez les chevaux de sport.

L’impact sur la structure du pied

Mais ce n’est pas tout. Par le fait que le pied ne puisse plus jouer son rôle d’amortissement, la structure même du pied va changer.  En 1817, Bracy Clark a publié une étude (“Recherches sur le construction du sabot du cheval et suite d’expériences sur les effets de la ferrure”). Dans laquelle il a réalisé des moulages de plâtre des pieds d’une jument avant et après ferrage. Et rapidement, il a constaté un changement dans la structure même du pied.  [Voici ces croquis du sabot d’une jument vivant au pré 24h sur 24. ]

Travaux de Bracy Clark sur l’impact de la ferrure

On voit que très rapidement les talons se contractent et que le pied devient de plus en plus ovale, empêchant ensuite le cheval de marcher pieds-nus sans douleur. Le ferrage déforme le pied et le rend ensuite dépendant des fers.

7/Les inconvénients du fer vs les performances pieds-nus

Différents mouvements de podologie

Du coup, des voix ont commencé à s’élever et à alerter sur les méfaits du ferrage et la nécessité de laisser le cheval pieds-nus. Il y a eu celle de Jamie Jackson en 1985 en Californie qui a étudié les sabots des mustangs sauvages. A la même époque le docteur Strasser en Allemagne a publié son premier livre : des sabots sains sans fers par un entretien des équidés conforme à leurs besoins physiologiques Et, en 2001, le professeur Keith Charles Lapierre aux Etats Unis qui a créé le premier Institut International de Podologie Equine.

Les lecteurs qui ont lu cet article ont aussi lu :  Savez-vous comment travaille un ostéopathe équin ?

En France, il y a Guillaume Parisot, du mouvement de la Podologie Equine Libre, Pierre Enoff, ingénieur en génie mécanique, fondateur du centre Equi Libre dans les Pyrénées, et Gwennaël Cadet, de L’institut Français de Podologie Equine.

Aujourd’hui, de plus en plus de cavaliers performent en haut niveau, toutes disciplines confondues, avec des chevaux pieds-nus.

Le constat de Julien Epaillard

L’exemple qui fait l’actualité est celui de Julien Epaillard. Son cheval qui souffrait de problèmes locomoteurs est devenu en quelques mois numéro 1 mondial, grâce au suivi de Guillaume Parisot.

Julien Epaillard Photo FEI Nacho Olano

Avec certains chevaux qui ont des problèmes de locomotions, j’ai de très bons résultats. Des chevaux qui n’étaient pas forcément carrés, sont devenus droits sans faire appel au vétérinaire et sans infiltration, ce qui est très positif pour moi.(…)Il faut se poser des questions quand on a trop de chevaux qui cassent, trop de problèmes de tendons, d’articulations, qu’il faut faire des infiltrations tous les quinze jours… Il faut réfléchir et changer notre méthode ! Une chose est sûre, c’est qu’avec Michel Hecart, on constate qu’on fait moins travailler les vétérinaires, malheureusement pour eux”

Le paradoxe : la majorité des chevaux restent ferrés

C’est donc assez paradoxal de voir que la majorité des chevaux reste ferrée, avec de l’acier et des clous comme autrefois, alors même que des études scientifiques montrent que le fer crée des pathologies. Et alors que les performances des chevaux pieds-nus sont de plus en plus nombreuses. On peut penser que les formateurs des écoles de maréchalerie et les vétérinaires seraient devant un fait accompli. Et que toutes les anciennes théories et techniques de maréchalerie héritées de notre passé militaire tomberaient alors d’elles même.

Mais il règne autour de cette question un brouhaha pseudo scientifique et beaucoup de polémiques.

8/ Le brouhaha pseudo scientifique

Le silence forcé ,les insultes et les attaques

Quand j’ai commencé mes recherches sur le pied nu, la première chose qui m’a sauté aux yeux, c’est l’ambiance extrêmement tendue autour de cette question. Au début, je me suis dit, ok c’est normal, le bien-être de nos chevaux est en jeu, et c’est normal que les débats soient passionnés. Mais très vite, je me suis rendu compte qu’il n’ y avait pas vraiment de débat. Et qu’il y avait même une peur de la prise de parole.

Au début de la plupart des vidéos sur le sujet, vous trouverez ce message d’avertissement : “ Attention, je ne fais que donner mon avis. Mon but n’est pas de culpabiliser ou de faire la morale … “ Et quand la personne qui souhaite parler des fer ou du pied nu ne dit pas au début de la vidéo, soyez gentils dans les commentaires, je ne fais que donner mon avis, et bien les commentaires sont tout simplement désactivés.

Enfin, les maréchaux ferrants qui présentent leur travail sont insultés et ridiculisés. Mon mari en a fait les frais dans une vidéo où il expliquait comment se pratique le parage d’un cheval, tel qu’on l’apprend dans les écoles de maréchalerie. 

Les articles de propagande

Autre chose surprenante : les articles parlant du pied nu se présentent généralement comme des articles scientifiques, mais en regardant d’un peu plus près, ils font plus penser à des articles de propagande. Systématiquement, les auteurs dévalorisent les maréchaux et présentent les podologues comme moralement et intellectuellement plus élevés.

Source : https://podologie-equine-libre.net/2020/02/26/jen-peux-plus/

Ici Guillaume Parisot part du postulat de base que la maréchal-ferrant est une personne inculte, ayant redoublé au moins deux fois, et qui va bêtement exécuter les gestes qu’on lui a appris.

Ensuite, le podologue se place en victime d’un système. Et se présente ensuite comme un être éclairé parmi une foule d’obscurantistes, fatigué de se battre contre l’ignorance !

Source :  
https://podologie-equine-libre.net/2020/02/26/jen-peux-plus/

 L’amoncellement d’arguments

Également, les articles sont ne sont pas construits comme une démonstration, scientifiques avec des données qualitatives, quantitatives ou expérimentales pour la vérifier. Mais plutôt comme comme un amoncellement d’arguments, sans structures ou s’entrecroisent des données scientifiques, avec des métaphore discutables, des images chocs et des hyperboles, le tout agrémenté de grossièreté, à l’image l’article “la sole, l’aplomb et mes kouilles en ski”, ou encore ici :

Source https://podologie-equine-libre.net/2018/01/04/pourquoi-le-pied-nu-convient-a-tous-les-chevaux-mais-pas-a-tous-les-proprietaires/ 

En quoi peut -on comparer le fait qu’un cheval soit pied nu avec le fait qu’un humain doit respirer de l’air. La relation est confuse, parce que chacun sait qu’un cheval doit lui aussi respirer de l’air. Et en quoi, le record d’apnée d’un humain en position statique éclair le propos de la protection du sabot.

Aussi incongru que cela puisse paraître, ce genre d’arguments, inséré dans un article à rallonge, non structuré, au côté d’images choquantes et de données chiffrées, met le lecteur devant une accumulation de données, qui crée chez lui de la confusion.

Le sophisme

C’est le même processus dans la vidéo de Pierre Enoff, “bref j’ai ferré mon cheval”. Où une cavalière nous explique comment les professionnels ont tué son cheval par une mise en scène.  En rhétorique, on appelle cela le sophisme de pente glissante. “J’avais un cheval en bonne santé, le maréchal-ferrant lui a mis des fers, mon cheval a développé une maladie naviculaire, il a fallu l’euthanasier. Donc le fer a tué mon cheval.”

Les arguments scientifiques qui valident le fait que le fer à cheval empêche le fonctionnement physiologique du pied, se retrouvent décrédibilisés par ce brouhaha pseudo scientifique. Et ce qui est inquiétant, c’est qu’ensuite, ces arguments sont repris, répétés  et colportés par des cavaliers qui en tout bonne foi souhaitent le bien être de leur cheval.

 Les faux arguments

le fer raccourci la vie du cheval

On entend souvent que le cheval sauvage vivrait jusqu’à 50 ans, comme les ânes et que les chevaux domestiques, eux, ne vivrait que jusqu’à 15-20 ans, notamment à cause du fait qu’ils sont ferrés. Dit comme ça, c’est sûr, ça fait flipper ! Sauf que ces chiffres sont invérifiables ! Et la longévité d’un cheval, c’est multifactoriel. Parce qu’on pourrait juste penser qu’il faudrait une étude comparative sur la longévité des chevaux ferrés et non ferrés. Mais il faudrait aussi tenir compte des races, 

Est-ce qu’on parle d’un pur-sang ou d’un shetland ? 

Des conditions de vie, 

Est-ce que le cheval vivait au box ou en prairie et troupeau ? 

A-t-il été débourré à 18 mois, comme c’est le cas en course, ou à ¾ ans, comme c’est le cas chez les chevaux de propriétaires. 

Est-ce que le cheval a eu une utilisation intensive, par exemple avec des courses d’endurance de 120 km ou des courses hippiques à 60 km/h, ou est-ce qu’il a seulement fait une promenade par semaine ? 

Mangeait-ilde la nourriture industrielle ou est-ce qu’il mangeait de l’herbe et du foin bio ?

Parce qu’effectivement, l’IFCE rapporte que la moyenne d’âge du cheval est de 17.9 ans hors abattage. Mais dans ses chiffres, il y a confondu les chevaux de sport et les chevaux de course qui ont de grosses contraintes physiques liées à l’entraînement, les chevaux de loisirs et de centre équestre, qui ne sont pas tous ferrés et les poneys, qui en majorité sont pied nu. Il faut également ajouter les poulinières qui ne sont pas non plus ferrées la plupart du temps.

source IFCE

 La théorie des 5 cœurs

Alors vous êtes peut être en train de penser que, effectivement, la corrélation entre le ferrage en acier et la longévité du cheval peut être prouvé par la théorie des 5 cœurs, où on doit pouvoir montrer que le cheval ferré à une moins bonne vascularisation que le cheval pied nu. Mais en fait cette théorie est remise en cause. Notamment, par Le professeur Lorenzo D’Arpe, vétérinaire et chercheur sur la vascularisation du pied, Pour lui, le rôle de pompe se ferait donc par l’action des muscles de l’avant-bras, de l’épaule, de la cuisse, du thorax, de l’abdomen et du cœur et pas par l’appui du coussinet plantaire et de la fourchette sur le sol. Donc le cheval ferré perdrait certes le rôle d’amortisseur du pied, mais pas le rôle de vascularisation. Donc l’argument qui veut que le fer à cheval empêche la vascularisation et fatigue le cœur du cheval prématurément est caduque.

Autre argument souvent repris

Le fer rend aveugle

On nous dit alors que le cheval possède une mauvaise vue, et qu’il se repère grâce au toucher de ces sabots sur le sol. Toucher rendu impossible par la présence du fer.

C’est faux. 

Le cheval a une très bonne vue.

C’est un animal de proie, sa vision est un sens essentiel pour repérer un prédateur. Il est donc très bien équipé pour sa survie.

Ses yeux, placés sur le côté de la tête, lui permettent d’avoir un champ global de vision extrêmement large, qui recouvre presque un cercle complet. C’est la vision monoculaire, qui permet au cheval de détecter de façon très rapide le mouvement, et donc de détecter un éventuel prédateur.

Mais le cheval a aussi une vision binoculaire, c’est-à-dire avec  deux yeux, qui est orientée vers la bas, pour permettre au cheval de détecter les différentes herbes et de voir où il met les pieds.

Alors, certes, le cheval n’a pas une acuité visuelle aussi élevée que celle de l’homme. il est capable de détecter 18 rayures noires et blanches d’égales largeur par degré d’angle de vision, contre 30 chez l’humain. Mais pour avoir un point de comparaison, sachez que le chien dispose en moyenne de 12 cpd, et le chat 6 cpd.

Les lecteurs qui ont lu cet article ont aussi lu :  Comment faire le parage des sabots de son cheval ?

Donc effectivement, on peut tout à fait comprendre que le fer a cheval fait perdre de la proprioception au cheval qui va moins sentir l’environnement sur lequel il met les pieds. Mais de là à dire que le cheval a une mauvaise vue et que le fer le rend aveugle, c’est quand même exagéré.

Tous ces  raccourcis et ces contre vérités placent le propriétaire d’un cheval dans un sérieux dilemme.

8/Le dilemme du propriétaire

Que faire en cas de sensibilité de notre cheval non ferré ?

Quand vous voulez faire une sortie en extérieur avec votre Dadou et que vous le sentez sensible des pieds, vous êtes dans une impasse : Vous ne voulez pas que votre cheval souffre, donc vous êtes tenté de lui mettre fers parce que c’est une pratique ancré dans vos habitudes. Et d’un autre côté; vous avez de nombreux arguments scientifiques qui vous montrent les méfaits des fers, mais imbriqués dans tout un tas d ‘informations diverses et variées, ne relevant pas d’un protocole scientifique, qui au final, font remettre en question toutes vos croyances sur le fer.

Et si vous essayez de demander à votre maréchal ou à votre vétérinaire ce qu’il pense du pied nu… Très souvent il balayera souvent la question d’un revers de la main, en vous disant : “vous mettez bien des chaussures” . Sauf que, à part mon voisin qui marche toujours en sabot, nos chaussures sont d’une part confortables et d’autre part, vous ne les gardez pas 24h sur 24h. 

Vous avez sûrement le plaisir d’enfiler vos chaussons quand vous arrivez chez vous le soir.

Et justement 

Je pense que la flexibilité que vous avez pour protéger ou pas vos pieds, vous pouvez aussi l’offrir à votre jeune cheval. La question à mon avis n’est pas fer ou pas fer, la question est plutôt orthèse permanente ou orthèse amovible. 

La flexibilité

Aujourd’hui, nous avons devant nous tout un panel de choix et de protection pour garantir à notre cheval à la fois du confort, et à la fois le respect de sa physionomie et de son système locomoteur.

Vous pouvez entretenir la corne de votre cheval pour qu’il reste pieds-nus. Et à un moment donné si votre jeune cheval devient sensible, vous avez le choix, 

Soit de ne pas le monter pendant quelques temps, pour laisser repousser la corne, ou lui permettre de s’endurcir,

Soit vous souhaitez continuer de monter votre cheval et vous pourrez alors avoir recours à l’hipposandale.

Aujourd’hui, il y a pleins de modèles différents d’hipposandales qui vont vous permettre de protéger le pied à un instant T, et de lui enlever à la suite de votre séance, pour garantir son confort.

L’observation et la flexibilité sont essentielles.

Le cas d’un cheval plus âgé, ferré depuis plusieurs années

Autre cas de figure, vous avez un cheval d’un certain âge, qui a été ferré toute sa vie, et qui va bien, alors le déferrer n’aurait pas de sens.

C’est vraiment important. Parce que nombre de cavaliers vont déferrer un cheval, habitué à la ferrure depuis tout petit, par idéologie. S’ensuit pour le cheval toute une période de transition qui peut être très difficile à gérer et très douloureuse.  

Observation et adaptabilité

Contrairement à ce qu’affirme Guillaume Parisot, si vous vous adaptez à votre situation et à votre cheval, vous n’êtes pas une personne naïve avec une petite voix à la con. Vous êtes un cavalier qui prend en compte les différents éléments et qui trouve la meilleure solution en fonction de ses contraintes et du bien-être du cheval.

La question du pied nu concernerait à mon avis plutôt les jeunes chevaux, qui n’ont jamais été ferrés. L’idée ne serait plus d’être sur un ferrage systématique de tous les chevaux et de se poser ensuite la question : est-ce que je peux déferrer mon cheval ? Mais plutôt sur une logique de pied nu, associé à des protections physiologiques. On réserverait la ferrure pour des chevaux présentant des pathologies spécifiques.

ca paraît simple, et pourtant

Et pourtant, le monde du cheval est divisé. On a nous parle de battle, on nous parle de team pied nu… On utilise même un vocabulaire religieux en nous demandant si nous sommes converti au pied nu.

9/ Le business au détriment du bien être du cheval

Pourquoi est-ce que le monde du cheval est aussi divisé ?  Je veux dire, depuis le temps qu’on parle de parage naturel et de parage physiologique, on pourrait penser qu’un dialogue scientifique aurait pu se mettre en place. Ce qui m’a amené à me poser la question : Pourquoi ? Est-ce que la division du monde du cheval ne serait pas profitable ?  Qu’y a-t-il à gagner à saboter toute forme de dialogue ?

La maréchalerie, une pratique ancrée dans les habitudes

CHEVAL FERRURE MARECHAL FERRANT
Maréchal-ferrant, source Pixabay

La pratique du ferrage des maréchaux ferrants est restée dans la droite ligne de tous les écrits sur le sujet depuis le XVème siècle. Remettre en cause la protection du fer. Et surtout,  valider l’idée que le fer à cheval est à l’origine de beaucoup de pathologies qu’il prétend soigner, c’est un peu comme un tremblement de terre. Cela oblige à tirer un trait sur beaucoup de connaissances et à repenser de manière systémique la façon dont on s’occupe des chevaux.

Et ça, ce n’est pas facile.

D’autant que c’est tout un business modèle à changer.

Les maréchaux ferrant de renom sont souvent associés à des marques de fers.

Les pathologies des chevaux, comme les tendinites, le syndrome naviculaire ou la fourbure entraînent toute une série de soins, réguliers et onéreux. Radios, échographies, infiltrations, ferrure orthopédique … C’est un système qui rend les soins vétérinaires indissociables de la carrière des chevaux de sport et de course.

Enfin, le marché mondial des fers pèse plusieurs dizaines de millions d’euros. On peut comprendre qu’ils n’ont pas franchement intérêt à ce que 90 % de leur clientèle passe pied nu.

2/ La podologie, parent pauvre du secteur ?

Du côté des podologues, on pourrait penser que ce sont les parents pauvres du secteur. Leur métier en tant que tel n’est pas reconnu, ce qui leur a valu des procédures pour concurrence déloyale. Car seul le maréchal ferrant est autorisé à pratiquer un acte de parage. 

Mais justement,  

comment faire pour se faire connaître et remporter l’adhésion des milliers de cavaliers, quand on est face à des vétérinaires et des maréchaux qui font autorité dans leur domaine ?

En utilisant le marketing de l’identité.

Le marketing de l’identité

Pour stigmatisaer les cavaliers qui ferrent leurs chevaux comme étant des personnes maltraitantes, qui font mourir leurs chevaux prématurément, qui les font souffrir et qui les rendent aveugles. 

Et cela place les cavaliers pratiquant le pied nu comme moralement supérieurs, 

vous ne faites pas partie du système, 

et surtout, cela vous pousse à diffuser l’info pour avertir un maximum de cavaliers ! Et réunir autour de vous une tribu : D’où tous les #TEAM PIED NU …

Pour être sûr de bien vous rallier à leur cause, certains podologues mettent en avant leur “victimisation”. Guillaume Parisot commence tous ces articles en reprenant de supposées insultes ou stigmatisation dont il serait victimes.

Source https://podologie-equine-libre.net/2018/01/04/pourquoi-le-pied-nu-convient-a-tous-les-chevaux-mais-pas-a-tous-les-proprietaires/

De là, découle un business modèle qui est bien pensé. En plus de former des futurs professionnels en podologie, on insiste sur le fait que le cavalier doit apprendre à prendre soin des pieds de son cheval lui-même.

Et donc vous devrez lire des livres, suivre des stages pratiques et pourquoi pas suivre des formations en ligne…

Cela veut dire que si demain, tout le monde se mettait autour de la table et discutait des différentes possibilités pour garantir le confort du cheval, beaucoup auraient à perdre. 

Les podologues n’auraient plus de raison d’exister car l’alternative pied nu serait enseignée dans les écoles de maréchalerie, et les grosses boîtes de ventes de fer et les vétérinaires verraient leur chiffre d’affaires grandement réduit.

10/ Votre voix pour le bien-être des chevaux

Donc quand on vous demande si vous êtes convertis au pied nu, ou qu’on vous parle de “battle ultime”, on vous manipule et tout cela au détriment du bien-être de votre cheval.

Parce qu’on ne vous laisse pas la possibilité d’avoir accès à de vrais professionnels.  Et j’entends pas vrais professionnels, des personnes qui ont reçu toutes les connaissances nécessaires sur fonctionnement du pied du cheval, et qui sauront évaluer si votre cheval a besoin d’orthèses et si elles doivent être permanentes ou amovibles.

Et non pas par idéologie, mais en prenant en compte l’âge de votre cheval, l’entretien passé de ses pied, sa qualité de sa corne, le type de sol sur lequel vous travaillez, la fréquence et l’intensité de vos séances, 

Donc plutôt que de laisser des petits groupes de personnes proférer des insultes et atteindre à notre liberté de parole, c’est à nous propriétaire qui souhaitons le bien être de nos chevaux de nous exprimer. 

Plutôt que de désactiver les commentaires, de demander à être gentil, ou d’essayer de convertir d’autres cavaliers

je vous demande d’utiliser l’espace de parole pour faire valoir le bien être de vos chevaux.

Pour demander aux acteurs de la filière équine de vraies concertation, de vraies études scientifiques et surtout une vraie formation pour les professionnels de demain. 

Pour le bien-être de nos chevaux.


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Qui suis-je

Bonjour, je suis Aurélie Seguin, Cavalière depuis mes 5 ans et monitrice d’équitation depuis + de 15 ans. Je dédie ce blog à tous les cavaliers désireux d’apprendre à bien s’occuper de leur Dadous.